CALEPSO, comme CALendrier Electronique de la Permanence des SOins : c'est le nom du nouveau logiciel mis en place, tout d'abord dans le Finistère depuis le mois de juillet, et maintenant dans toute la Bretagne (Finistère, Morbihan, Côtes-d'Armor, Ille-et-Vilaine) et il est en cours d'extension.
Ce programme, piloté par le conseil départemental de l'Ordre des médecins du Finistère, est parti de l'idée suivante, selon le Dr François Simon, vice-président du conseil de l'Ordre du Finistère : « Si l'organisation locale des gardes fonctionne en général de façon satisfaisante, il n'en est pas de même pour la communication entre les différents partenaires de la permanence des soins, et notamment entre les responsables de secteurs, l'Ordre, le SAMU (chargé du centre 15) , et même la CPAM (Caisse primaire d'assurance-maladie), pour le règlement des forfaits d'astreinte. »
D'où l'idée de gérer les tableaux de garde directement sur Internet, avec quelques avantages immédiats à la clé : transmission automatique des données aux intéressés, modifications éventuelles des tableaux de garde immédiatement enregistrées par tous, sécurité et confidentialité des données, simplicité d'élaboration. Selon le vice-président de l'Ordre du Finistère, la mise en uvre de ce programme est extrêmement simple : « Le département a été découpé en soixante secteurs de garde. Dans chaque secteur, un médecin coordonnateur, choisi par ses confrères, remplit le tableau de garde directement sur Internet, grâce à un code d'accès qui lui permet d'intervenir sur le contenu du site. Les médecins ont immédiatement accès à ces tableaux qu'ils ne peuvent modifier ; l'Ordre départemental peut les valider ou les compléter si besoin est, et le SAMU dispose en temps réel d'un tableau de garde complet et à jour. De plus, si le médecin de garde ne peut modifier le tableau, il peut en revanche indiquer le numéro de téléphone sur lequel il souhaite être joint durant sa garde, et il reçoit en fin de mois son rapport d'activité d'astreintes qu'il n'a plus qu'à signer avant de les envoyer à la CPAM. »
Il reste que ce système, pour intéressant qu'il soit, laisse sceptiques certains praticiens. Ainsi, le Dr Pierre Lagier, généraliste à Plounévez-Lochrist dans le Finistère, n'est pas parfaitement au courant du mode de fonctionnement du nouveau système : « Je ne l'utilise pas directement moi-même car, au cabinet, nous avons une secrétaire qui nous imprime les tableaux de garde à partir d'Internet. Le système me paraît fiable, mais on n'a pas la possibilité de choisir ses soirs ou week-ends de garde. On m'impose mes gardes, il y a une espèce de roulement. Vous savez, les gardes, c'est assez fastidieux, en général, on ne choisit pas de les faire. » Le Dr Lagier n'est pas au courant du fait que dans son secteur un médecin coordonnateur, théoriquement choisi par lui et ses pairs, décide des dates auxquelles il doit effectuer ses gardes.
Mais un autre généraliste du Finistère, qui souhaite garder l'anonymat, se fait plus précis : « C'est vrai que ça nous épargne un peu de paperasse, mais ça n'est vraiment pas une révolution. Pour être franc, je ne suis pas sûr que ça serve à grand-chose, sauf peut-être pour le SAMU et le centre 15 qui savent précisément qui est de garde. Quant à l'élaboration du tableau, dans mon secteur, il y a un médecin qui se dévoue pour le remplir en essayant de tenir compte des desiderata de chacun. Mais avec ce nouveau système, si on veut changer les gardes avec un confrère, c'est plus difficile qu'avant. Notez aussi que l'Ordre est très fort pour mettre en place ce genre de système, mais, eux, ils ne font pas de gardes. »
Enfin, sur la question du financement du projet, le Dr François Simon indique qu'il a été rendu possible grâce à des aides conjuguées de l'URCAM (union régionale des caisses d'assurance-maladie) et du FAQSV (Fonds d'aide à la qualité des soins de ville). Toujours selon le vice-président de l'Ordre du Finistère, ce système de gestion des gardes est une première en France. Mais il pourrait faire des émules : l'Hérault a décidé de l'expérimenter à son tour.
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