« Les Clefs de la maison », de Gianni Amelio

Père et fils

Publié le 21/09/2004
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UN HOMME, l'allure juvénile, retrouve son fils de 15 ans, handicapé, abandonné à la naissance après un accouchement dramatique. Il ne l'a jamais vu mais les médecins ont décidé que cela ferait du bien au garçon que son père biologique s'occupe un peu de lui. Le père et le fils partent pour Berlin où l'adolescent doit subir des examens et peut-être une opération orthopédique.
Tout le film est là, dans la rencontre d'un père qui avait fui et vient de fonder un foyer, et son fils aussi attachant que perturbé. Très handicapé, il ne peut se passer de l'aide des adultes mais tient beaucoup à posséder les clefs de la maison, symbole d'une autonomie dont il rêve.
Amelio devait adapter le roman « Nés deux fois », de Giuseppe Pontiggia. Il s'en est éloigné tout en s'inspirant de l'expérience de l'auteur puis de la personnalité de son jeune interprète, Andrea Rossi. Alors que le livre couvre une période de trente ans, le film se déroule sur une semaine, pendant laquelle les relations entre le père et son fils vont passer par toutes les nuances de l'amour et de l'exaspération, de la crainte et de l'espoir. Le personnage du père résume ainsi toutes les ambivalences face à un enfant handicapé : l'envie de fuir et le besoin de protéger, la peur de mal faire et la certitude qu'il n'y a pas grand chose à faire, les sourires et les pleurs. Il contraste avec celui d'une femme qu'il rencontre à l'hôpital, qui semble forte et sereine face à sa fille handicapée.
Avec entre autres « les Enfants volés », « Lamerica », « Mon frère », Lion d'or au festival de Venise en 1998, Gianni Amelio avait montré son talent. Il sait éviter le mélodrame et la violence expressionniste qu'un tel sujet aurait pu susciter. Kim Rossi Stuart, Charlotte Rampling et l'impressionnant Andrea Rossi sont à l'unisson d'un film qui suscite intelligemment la réflexion et l'émotion.

> R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7595