APRÈS AVOIR travaillé sur Agnès Sorel, la favorite du roi Charles VII, le Dr Philippe Charlier, médecin légiste à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, se réjouissait d'étudier des fragments de côte censés avoir appartenu à Jeanne d'Arc (« le Quotidien » du 2 mars 2006). Il avait découvert par hasard, sur les rayonnages de l'association des Amis du Vieux Chinon, un bocal étiqueté « Restes de Jeanne d'Arc trouvés sous le bûcher de Rouen », contenant le morceau de côte humaine, mais aussi des bouts de bois et de tissu, du pollen de pin et un fémur de chat. Et, passion de paléopathologiste aidant, avait décidé de les soumettre à toutes sortes de spécialistes (bactériologie, mycologie, parasitologie, génétique) pour vérifier l'origine des ossements, qu'un dosage ancien au carbone 14 avait daté de l'âge de bronze.
Mais la déception est au rendez-vous, indique un article de « Nature ». La relique serait un faux, fabriqué à partir des restes d'une momie égyptienne.
Les « nez » de grands parfumeurs (Guerlain et Patou) appelés à la rescousse par le chercheur ont, par exemple, décelé une odeur de vanille, qui peut signer la décomposition d'un corps, non sa crémation. Les analyses microscopiques et chimiques ont de même montré qu'il n'y avait aucune trace de tissus brûlés, alors que des éléments, comme la résine de pin, pouvaient signaler un embaumement. L'hypothèse a été ensuite confirmée par la spectrométrie et par l'étude au carbone 14, qui date les restes entre le VIe et le IIIe siècle avant notre ère.
Même si ce n'est pas notre « Pucelle », le travail de paléopathologie est fascinant, comme le dit à « Nature » une consoeur britannique du Dr Charlier.
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