Pas de sucres extracellulaires, pas de rejet. En clair, cela signifie qu'une greffe d'organe animal prend d'autant mieux sur l'homme que la surface de ses cellules est dénuée de sucres.
La raison en est simple. Privés de leurs traditionnels sites d'accroche, les anticorps humains ne peuvent se lier à l'organe étranger. La réaction immunitaire de rejet ne pouvant avoir lieu, la réussite de la greffe en est nettement améliorée.
Partie de ce constat, une équipe basée en Virginie de la société britannique PPL Therapeutics, à l'origine du clonage de la brebis Dolly, vient de produire une lignée de porcs d'un genre nouveau. Une des deux copies du gène codant l'alpha 1,3 galactosyl transférase (GGTA1), un sucre de surface responsable de la réaction de rejet chez l'homme, a pu y être rendu inopérante. L'expérience s'est effectuée en deux étapes. L'inactivation de l'allèle GGTA1 dans un fibroblaste porcin via la technique du « knock-out » a précédé un transfert nucléaire classique, autrement dit un clonage reproductif. Les cinq porcelets ainsi obtenus sont nés le jour de Noël.
Grâce à un protocole identique, la collaboration d'équipes américano-coréennes a permis l'obtention des mêmes résultats. Leurs quatre petits porcs clonés ont fait l'objet d'une publication dans la revue « Science » (3 janvier).
Les avantages du porc
Ces neuf porcelets, tous des femelles, sont les premiers à être dotés d'un génome modifié de façon ciblée. Prochaine étape : la naissance de mâles pareillement inactivés pour un allèle GGTA1. La reproduction entre ces mâles et femelles clonés conduira ensuite, une fois sur quatre, à la naissance de porcelets doublement inactivés au niveau du gène GGTA1. Dépourvues du fameux sucre, la totalité de leurs cellules devraient être les candidates idéales au transfert chez l'humain.
Il faudra toutefois attendre l'âge adulte de ces pourceaux, d'ici quatre à cinq ans, avant que puissent être prélevés puis transplantés leur cur, foie, reins ou poumons. Le choix du porc comme fournisseur d'organes n'est pas anodin. Cet animal possède deux avantages. Ses organes ont une taille parfaitement compatible avec les nôtres. De plus, les lignées de cellules porcines inactivées pour GGTA1 semblent incapables de transmettre leurs rétrovirus endogènes aux cellules humaines en culture. Ce qui constitue une garantie supplémentaire de réussite de la greffe. En effet, il ne serait guère intéressant de remplacer un organe déficient par un autre sain mais vecteur d'une nouvelle maladie. Un espoir pour les milliers de malades inscrits sur une liste d'attente.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature