Les virus ne connaissent pas de frontières et la liste des virus émergents ou ré-émergents ne cesse de s’allonger. Parmi la quarantaine de virus considérés comme émergents, certains ont un tropisme dermatologique. Le virus de la dengue, le chikungunya, le West Nile, le virus Ebola, le virus du Monkeypox sont au coeur de l’actualité.
MALADIE VIRALE à transmission vectorielle, la dengue est un problème de santé publique en raison de son extension à travers le monde et de sa gravité potentielle.
La dengue est une arbovirose due à un virus de la famille des Flavaviridés transmis à l’homme par les moustiques Ædes ægypti et Ædes albopictus.
L’expression clinique est marquée par un syndrome aigu fébrile, algique en phase d’invasion. L’exanthème roséoliforme, souvent prurigineux et douloureux, survient fréquemment au moment de la défervescence ; il persiste de deux à quatre jours et disparaît au prix d’une desquamation.
Chez un sujet qui revient d’une zone d’endémie, l’apparition d’un exanthème, surtout lorsqu’il est accompagné de fièvre et de myalgies, doit faire évoquer le diagnostic. L’association à des douleurs abdominales, des vomissements, une hypothermie, une hypotension artérielle et/ou des troubles de la conscience prend alors toute son importance pour le clinicien. Dans ce contexte, le risque de dengue hémorragique est évoqué surtout lorsqu’il existe une thrombopénie et/ou des signes hémorragiques.
Le chikungunya est une maladie infectieuse due à un arbovirus également transmis par des moustiques du genre Ædes. Elle débute par une fièvre aiguë élevée durant environ trois jours et accompagnée, dans 50 % des cas, d’un exanthème roséoliforme, très voisin de celui de la dengue. Ce dernier est d’autant plus évocateur du diagnostic qu’il existe de façon concomitante une polyarthrite oedémateuse bilatérale et symétrique des extrémités associée à une ténosynovite. Pour ces deux viroses, lorsque le diagnostic est suspecté, les patients doivent être mis à l’abri d’un contact potentiel avec un moustique autochtone pour prévenir le risque d’un cycle local.
Le virus West Nile est aussi transmis à l’homme par les moustiques, en particulier ceux du genre Culex. Les oiseaux se comportent comme des hôtes amplificateurs. Les mammifères, l’homme, le cheval sont piqués de façon accidentelle. Chez l’homme, l’infection se traduit par la survenue brutale d’une fièvre élevée accompagnée de céphalées, d’arthromyalgies, d’un exanthème roséoliforme prédominant sur le tronc et la racine des membres, non prurigineux et n’évoluant pas vers la desquamation. La gravité de l’infection tient aux complications neurologiques.
Pour le praticien, la constatation d’un exanthème associé à des troubles du comportement, une faiblesse musculaire, des mouvements anormaux, conduit à hospitaliser le malade pour confirmer le diagnostic et assurer une surveillance neurologique.
West Nile et Monkeypox.
Le virus West Nile a émergé en 1999 sur le continent nord-américain, où une première épidémie s’est déclarée à New York. Il s’est ensuite largement répandu aux Etats-Unis (plusieurs milliers de cas dont plus de six cents décès).
En France, le virus a été identifié en Camargue en 1962, des cas de chevaux infectés ont été rapportés en 2000 et six cas humains ont été recensés dans le Var en 2003.
La circulation du virus West Nile est actuellement surveillée en France.
Le virus Ebola et le virus du Monkeypox sont deux autres virus émergents.
La fièvre hémorragique à virus Ebola pose la question de la conduite à tenir en présence d’un syndrome hémorragique fébrile (épistaxis, purpura, diarrhées sanglantes…) chez un sujet qui rentre du bloc forestier équatorial.
D’autres diagnostics urgents doivent être envisagés : méningococcémie, paludisme, fièvre typhoïde. La suspicion du diagnostic impose l’isolement, l’alerte des autorités sanitaires et une prise en charge spécialisée. Le virus du Monkeypox est un virus à ADN, présent dans les forêts humides d’Afrique centrale et de l’Ouest. Le réservoir est constitué par certaines espèces de singes et de rongeurs. Il peut être transmis à l’homme et génère, notamment chez les enfants africains, une infection caractérisée par une éruption pustuleuse proche cliniquement de la variole, parfois mortelle.
L’émergence de cas de Monkeypox aux Etats-Unis en 2003 fait envisager la dissémination de certains pathogènes hors de leurs territoires de prédilection. Importé aux Etats-Unis, via des petits rongeurs importés du Ghana, le virus a infecté les chiens de prairie, puis est passé du chien de prairie à l’homme.
D’après un entretien avec le Pr Francis Carsuzaa, hôpital Sainte-Anne, Toulon
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