10° Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF)
27 - 30 janvier 2006
Entre 4 et 6 % de la population adulte masculine est concernée par le syndrome d’apnées du sommeil (SAS), qui touche trois fois plus souvent les hommes que les femmes.
« Le profil épidémiologique du SAS devrait toutefois se modifier dans les prochaines années, en raison de la progression de l’obésité et de la modification du comportement des femmes vis-à-vis de l’alcool et du tabac», explique le Dr Marc Sapène. Alcool et tabac sont en effet des facteurs favorisant le SAS, tout comme la prise de poids. Environ un apnéique sur deux est en surpoids. L’association relativement fréquente avec la bronchopneumopathie chronique obstructive nécessite également d’être prise en considération.
Enfin, il existe une prédisposition familiale, liée à des facteurs anatomiques : cou court, rétrognathie et problèmes d’articulé dentaire. En cas d’antécédent familial de SAS, le dépistage doit être fait dès l’enfance, afin de proposer une prise en charge précoce, en collaboration avec l’orthodontiste.
« Actuellement, neuf apnéiques sur dix ne sont pas diagnostiqués et sont donc exposés aux conséquences cardio-vasculaires délétères de ce syndrome, alors que le traitement permet de normaliser le risque. Le médecin généraliste est au c?ur du processus de dépistage du SAS, insiste le Dr Marc Sapène, puisqu’il peut très simplement rechercher une somnolence chez un patient ronfleur qui se plaint de fatigue. Le recours à l’échelle d’Epworth est, dans ce cadre, très utile lors de la consultation pour différencier la somnolence de la fatigue (cf. encadré).
«Ce test devrait être effectué en routine chez les sujets en surpoids, chez les patients qui ont un syndrome métabolique ou une dysfonction érectile, et lors de toute pathologie cardio-vasculaire (insuffisance cardiaque, coronaropathie, hypertension artérielle). Un SAS est retrouvé chez 85% des patients qui souffrent d’une HTA réfractaire.
«De façon plus large, tout ronfleur “fatigué“ (somnolent, en l’occurrence) doit être considéré comme un apnéique potentiel.»
Chez un enfant, l’association fatigue-grosses amygdales impose un avis ORL pour une amygdalectomie.
Les explorations complémentaires se sont simplifiées.
Chez une très grande majorité de patients, une polygraphie ventilatoire réalisée en ambulatoire suffit à confirmer le diagnostic. Cet examen, qui étudie les signaux respiratoires, permet de mettre en évidence les épisodes de désaturation, voire ses conséquences cardiaques (rythme, transit du pouls).
Dans les cas plus compliqués, une polysomnographie complète peut être réalisée en ambulatoire dans de bonnes conditions. Une hospitalisation n’est nécessaire que chez une minorité de patients, pour des raisons de commodité (distance ou invalidité) ou lorsqu’une pathologie associée (mouvements périodiques, par exemple) est recherchée en parallèle.
Désormais, l’essentiel est de mieux dépister le SAS et de faciliter la prise en charge en ville par un transfert de compétences vers les médecins généralistes. La prise en charge thérapeutique par pression positive continue (PPC) est très efficace et doit s’accompagner de mesures diététiques ; il faut noter, d’une part, que le régime est plus efficace lorsque le patient est sous PPC et que, d’autre part, la perte initiale de 10 à 20 % du poids permet de diminuer l’index des apnées de moitié. Le praticien doit également veiller au sevrage tabagique et alcoolique, et à la suppression des benzodiazépines, qui est indispensable.
D’après un entretien avec le Dr Mac Sapène, Bordeaux.
L’échelle d’Epworth
La somnolence peut être appréciée en demandant au patient s’il lui est arrivé de somnoler, voire de s’endormir dans les situations suivantes. Le patient doit choisir le score le plus approprié à chaque situation :
0 - ne somnole jamais
1 - faibles chances de m’endormir
2 - chances moyennes de m’endormir
3 - fortes chances de m’endormir
SITUATIONS SCORES
TOTAL
Interprétation du score total :
0 à 8 : pas de somnolence
8 à 10 : somnolence modérée, la vigilance s’impose
Plus de 10 : somnolence avérée, le patient doit être exploré
Des chiffre qui parlent
Si vous êtes médecin généraliste et que vous soignez 400 hommes de 40 à 75 ans, vous devriez statistiquement suivre 20 syndromes d’apnées du sommeil appareillés.Si vous êtes cardiologue et que vous suivez 1 000 hommes de 40 à 75 ans, vous devriez statistiquement suivre 60 syndromes d’apnées du sommeil appareillés.
Si vous en suivez moins, posez-vous la question de savoir si vous vous donnez les moyens du diagnostic.
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