Travail nocturne, horaires alternants, lourdes responsabilités, stress, perte de pouvoir décisionnel, sous-effectif, sentiment d’insécurité… Ces difficultés conduisent les praticiens hospitaliers à réclamer la reconnaissance de la pénibilité de leurs professions. Ils sont d’autant plus mobilisés sur ce dossier que la pénibilité, via la création du compte personnel de prévention de la pénibilité, est la novation majeure du projet de loi garantissant l'avenir et la justice du système de retraites, aujourd’hui en fin de parcours parlementaire. Prévu pour 2015, le nouveau dispositif permettra aux salariés du privé exposés à des conditions de travail pénibles d'accumuler des points à convertir en formation, temps partiel ou départ anticipé à la retraite.
Des praticiens hospitaliers hors-champ
Bien qu’exclus du périmètre de la loi, les professionnels hospitaliers – quel que soit leur statut – font valoir depuis plusieurs mois que leur mode d’exercice comprend au moins deux des critères de pénibilité définis par la législation, à savoir le travail de nuit et le travail alternant. Mais problème, Marisol Touraine a évoqué le fait que seule une négociation propre à la fonction publique hospitalière était pour l’heure envisageable, via une prise en compte de la pénibilité dans le calcul des retraites. Donc rien pour les praticiens hospitaliers qui, rappelons-le, ne relèvent pas de la fonction publique hospitalière.
Une iniquité de plus qui a conduit le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNphar-e) à lancer, le 28 novembre dernier, un mouvement de grève. « Nous avons fait un premier round un peu seuls, surtout suivis par les médecins de la nuit, urgentistes et anesthésistes réanimateurs, affirme Nicole Smolski, anesthésiste-réanimatrice à Lyon, présidente d’Avenir hospitalier et membre du conseil d’administration du SNPhar-e. Cela nous a permis de rencontrer le cabinet de la ministre et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) qui affirment travailler sur la reconnaissance, la prévention et la compensation de notre pénibilité. Mais nous n’avons encore reçu aucun engagement écrit de la ministre. Sans cela, nous lancerons un nouveau mouvement de protestation, plus soutenu, début 2014. »
Même constat, autres méthodes
Pour l’heure, l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) n’envisage pas de rejoindre le SNphare dans sa contestation, même si Jean-Michel Badet, chirurgien maxillo-facial et Secrétaire général à l’INPH n’exclut pas un mouvement commun des cinq intersyndicales. L’organisation n’a ni la même vision ni les mêmes objectifs que le Snphare. Car, pour l’INPH, la pénibilité ne se limite pas au travail de nuit. « C’est la motivation des équipes et les conditions de travail qui posent problème aujourd’hui. Nous menons une réflexion sur la signification de la pénibilité, laquelle doit être globale». En outre, selon l’Intersyndicat, la compensation ne doit pas uniquement concerner un compte épargne retraite. La révision de la grille de salaires ou encore le « détricotage de la loi HPST figurent parmi les pistes évoquées », suggère Jean-Michel Badet. En tout cas, il y a urgence, la pénibilité et l’attractivité de l’hôpital formant en quelque sorte « son yin et son yang »»…
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