Dans son projet de loi de réforme des retraites, le gouvernement envisage de se référer au seuil de 20 % d’incapacité pour définir une pénibilité qui ouvrirait le droit à partir dès 60 ans. Ce seuil est-il pertinent d’un point de vue médical? Non, si on en croit François Guillon, professeur de médecine et santé au travail à Bobigny. Ce spécialiste des pathologies professionnelles, estime que le projet du gouvernement « ne prend nullement en compte la pénibilité du travail » car il ignore la notion « d'espérance de vie sans incapacité ».
Selon lui, cette notion découle de constatations épidémiologiques qui montrent que pour les salariés en fin de carrière, l’espérance de vie sans incapacité est très variable. Elle dépend en grande partie du type de métier, de poste ou de travaux réalisés. Alors que le projet du gouvernement se fonde sur des critères individuels d'évaluation de l'incapacité induite par le travail, cette notion s'appuie « sur des critères professionnels parfaitement maîtrisables et justes » estime le praticien. Au lieu de concerner les travailleurs usés, le médecin déplore que « la disposition ne s’applique en fait qu’à ceux qui, pour des causes professionnelles, subissent un handicap très lourd et en ont obtenu la reconnaissance ».
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