La plupart des problèmes témoignent, selon le Pr F. Hakkou, d'un manque d'information sur le plan de la pratique religieuse autant que médicale.
Les travaux publiés depuis une dizaine d'années de par le monde (et pas seulement dans les pays arabes) montrent qu'il existe une grande hétérogénéité dans la façon dont les patients prennent leurs médicaments pendant cette période de jeûne. Les problèmes d'observance concernent plus de la moitié d'entre eux. Des changements d'horaire des prises sont observés chez 10 % des patients d'une étude anglaise, mais chez 64 % des pratiquants au Koweit.
Depuis 1997, un consensus (médecins et religieux) devrait pourtant permettre d'harmoniser les pratiques et de résoudre bon nombre d'erreurs d'interprétation. Il pose que toutes les voies d'administration en dehors de l'absorption orale avec déglutition sont compatibles avec le jeûne (voie sublinguale comprise). Les administrations orales mono- ou biquotidienne peuvent être décalées dans la journée avant et en fin de jeûne. L'adaptation d'un traitement pris en trois fois est plus compliquée, mais sera le plus souvent résolue par des formes galéniques à libération prolongée.
Certaines molécules peuvent cependant voir leurs propriétés pharmacologiques modifiées par l'horaire : c'est le cas par exemple de l'acide valproïque, des anti-ulcéreux ou du cortisol. D'autres, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ont des effets indésirables plus fréquents lorsqu'ils sont administrés le soir. Un problème peut enfin se poser pour les diurétiques et les psychostimulants qui perturbent le sommeil mais sont généralement délivrés le matin.
Toutes ces adaptations doivent être pratiquées quelques jours avant le début du ramadan afin de familiariser le patient avec son nouveau schéma thérapeutique et de remédier à d'éventuels problèmes posés par ces modifications. Mais surtout, le médecin a un devoir d'information et de conseils pour limiter tout risque d'erreur de la part du patient. Il doit se souvenir que la religion musulmane privilégie la santé plutôt que la pratique du jeûne et qu'une maladie sérieuse (diabète insulinodépendant ou mal équilibré par exemple) dispense le sujet. En cas d'insistance de ce dernier, l'autorité religieuse locale aidera le praticien à le convaincre.
« La prescription médicamenteuse pendant le ramadan », Pr F. Hakkou, président de la fondation Hassan II, Casablanca Symposium « Le médecin face au patient musulman pendant le ramadan », organisé par l'Association des médecins, pharmaciens et biologistes musulmans de France (www.amphmf.comf), avec le parrainage des Laboratoires Ardix/Therval.
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