La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) n’a pas goûté la dernière idée du patron du GEMME. Dans une interview au « Quotidien du Pharmacien », Pascal Brière, président de l’instance qui défend les intérêts des industriels du générique, fait une proposition choc. Afin d’encourager le développement du générique en France, il suggère de pénaliser financièrement les médecins qui n’atteindraient pas un objectif de substitution.
« Le vrai problème à régler est la sous-utilisation du générique au niveau de la prescription, attaque Pascal Brière. [...] On peut lancer tous les génériques du monde, si les médecins continuent de prescrire massivement certains princeps, [...] tous des efforts seront réduits à néant. »
Pascal Brière estime que 2 milliards d’euros d’économies supplémentaires pourraient être réalisés chaque année en France en combinant les objectifs de substitution des pharmaciens à un objectif des prescriptions des médecins. « Il faut s’inspirer de l’exemple allemand où les médecins se voient proposer des objectifs comparables à ceux des pharmaciens français en matière de substitution, déclare le président du GEMME. [...] S’ils sont au-dessous de ces objectifs de prescription, ils ont une pénalisation financière. »
Médecins, pas commerciaux
La CSMF estime que le président du GEMME a « outrepassé son rôle » en s’immisçant dans la prescription des praticiens. « Les industriels du générique n’ont aucune consigne ni pression à exercer sur les médecins », affirme la Confédération, qui rappelle que leur prescription demeure « libre et indépendante ». « Il appartient à chaque médecin de choisir en fonction du cas de son patient, dans l’unique intérêt de celui-ci, les produits qu’il lui prescrit. Ceci n’est évidemment pas l’affaire des fabricants de ces produits. »
Le syndicat ajoute qu’il revient en revanche aux industriels de mettre à disposition des patients les produits et d’éviter les ruptures d’approvisionnement. « Les médecins libéraux ne sont pas les commerciaux des industriels du GEMME, pas plus qu’ils ne sont ceux des autres producteurs de médicaments », conclut la CSMF, qui demande d’exclure le président du GEMME de « toute discussion concernant l’évolution du médicament ».
Il y a quelques jours, l'Union française pour une médecine libre (UFML) s'était déjà élevée contre « cette volonté d'agir sur les pratiques et les prescriptions médicales » : « Les médecins ne sont pas au service des industriels fabricants de médicaments génériques et certainement pas des outils de prescription qui assurent leur fond de roulement économique. »
L'organisation a demandé que soit réaffirmée « la nécessaire indépendance des médecins vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. »
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