LA PLANÈTE sportive retient son souffle. Au début de l'année, les pics de pollution ont atteint dans la capitale chinoise le niveau 5, le plus élevé. À la fin mai, un entraîneur qui participait à la délégation du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) venue en repérage s'est trouvé mal dans les rues de la capitale. «Il suffoquait sous des vapeurs de soufre», témoigne un médecin. Le risque pollution a déjà conduit plusieurs champions à jeter l'éponge. L'Éthiopien Hailé Gébréselassié, numéro un mondial du marathon, asthmatique, a renoncé à courir l'épreuve mythique, «pour ne pas mettre (sa) santé en danger», a-t-il expliqué. «On peut craindre que beaucoup de sélectionnés ne déclenchent des asthmes d'effort», dit le Dr Maurice Vrillac, président de la commission médicale du CNOSF.
Certains comités nationaux ont fait des choix préventifs radicaux. Les athlètes britanniques courront masqués, avec des filtres. Les Américains devraient également revêtir un masque, mais seulement à l'entraînement.
Face au péril sanitaire, les autorités ont pris des mesures d'exception. Le 20 juillet, un système de circulation alterné a été instauré, qui a été testé l'été dernier ; 1,3 million de véhicules devraient être interdits de rouler, soit 45 % de voitures en moins et une diminution de 63 % des polluants. Les administrations donneront l'exemple, en laissant au parking la plus grande partie de leur parc. Les chantiers de construction vont s'arrêter. Les usines seront délocalisées. Et plusieurs milliers de roquettes chargées d'iodure d'argent devraient être tirées par l'armée pour crever les nuages qui plombent le ciel pékinois. État de guerre antipollution !
Pas plus qu'à Athènes.
Une guerre, semble-t-il, en passe d'être gagnée : « Après avoir analysé plusieurs données–température, vent, taux d'humidité, relevés de SO2, NO2, CO, ozone et PM10– avec le bureau de Pékin pour la protection de l'environnement, nous avons vérifié, constate le Dr Patrick Schamasch, que les valeurs correspondent actuellement aux moyennes admises par l'OMS.» «Nous ne devrions pas rencontrer plus de problème de pollution qu'à Athènes», estime-t-il.
Des soucis subsistent cependant pour les épreuves d'endurance en extérieur qui comprennent au moins une heure d'efforts physiques soutenus et intenses : cyclisme sur route en ville, VTT, marathon, marathon en natation, triathlon et marche. Pour ces six disciplines très exposées, le directeur du département médical du CIO annonce une vigilance maximale, avec une prévision publiée tous les soirs à 18 heures. «Soyez certainque la santé et la sécurité des athlètes qui participent aux Jeux priment à nos yeux et que les programmes pourront, si nécessaire, être reportés.» Des plans B, en quelque sorte, seront alors activés pour ne faire courir aucun risque aux champions. Le quitus sanitaire que le CIO donne à Pékin pour la qualité de l'air reste donc sous très haute surveillance.
Pour la qualité de l'eau, les résultats sont d'ores et déjà acquis. Le bassin et les plages de Qingdao, la station balnéaire, à 550 km au sud-est de Pékin, où seront disputées les épreuves de voile, étaient envahis par une prolifération d'algues vertes. Les autorités ont attribué cette pollution à des pluies diluviennes, alors que des écologistes pointent du doigt les polluants agricoles et les égouts. Des mesures de nettoyage lancées avec près de 10 000 personnes, l'armée et des bulldozers ont permis de retrouver, assure le Dr Schamasch, des normes biochimiques rassurantes.
L'arme secrète de la Cryo Vest
La veste réfrigérante longue durée baptisée Cryo Vest a été spécialement mise au point pour les Jeux, sous la houlette de la commission médicale du CNOSF, en collaboration avec la marine nationale et l'INSEP (Institut national supérieur d'éducation physique). Environ 150 sélectionnés la revêtiront pendant 20 à 30 minutes pour abaisser leur température cutanée avant la compétition. Le textile de ce gilet traité Teflon avec feuille aluminisée permet la conduction et la réflexion de la chaleur externe, la doublure intérieure favorisant l'évacuation de la sueur tout en évitant la sensation de froid au contact des compresses FirstIce. Ces compresses, au nombre de quatre, sont préalablement réfrigérées avant d'être stockées dans un conteneur à proximité du site de l'épreuve. Elles gardent le froid pendant une durée suffisante, le temps du transport et de l'opération de précooling. Elles sont disposées dans quatre poches autour du gilet, le réglage étant assuré par des élastiques latéraux et un ruban autoagrippant.
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