En France, le tableau clinique du rachitisme de l'enfant avec hypotonie, déformations osseuses et retard de croissance ne se voit pratiquement plus, en raison de l'administration systématique de vitamine D dès la naissance et de l'utilisation de laits enrichis en vitamine D depuis 1992.
« En revanche, les apports en vitamine D pendant la croissance, la période pubertaire et la grossesse ne sont pas optimaux, et il existe encore de réelles carences qui pourraient être prévenues par une supplémentation vitaminique », souligne le Pr Philippe Reinert (hôpital intercommunal de Créteil).
Vitamine D : selon l'apport alimentaire
La femme enceinte est fréquemment carencée en vitamine D en fin de grossesse, notamment en hiver et au début du printemps. Une dose de charge de 80 000 à 100 000 UI de vitamine D au 7e mois de grossesse réduit le risque de convulsions hypocalcémiques chez le nouveau-né et de rachitisme carentiel précoce.
Les nourrissons ont jusqu'à l'âge de 18 mois une croissance extrêmement rapide et donc un besoin important en vitamine D qui n'est pas couvert suffisamment par l'alimentation, malgré l'introduction des laits enrichis en vitamine D.
Aujourd'hui, les recommandations définissent les doses de vitamine D à administrer en fonction de l'apport alimentaire :
- de 600 à 800 UI/jour chez un enfant à peau non pigmentée, nourri avec du lait enrichi en vitamine D (> 1/2 litre) ;
- 1 200 UI/j chez un enfant né à terme, allaité au sein ou nourri au lait de vache pour les enfants de plus de un an ;
- 1 500 UI/j chez un enfant né prématuré, hypotrophique ou avec une peau pigmentée.
Chez le jeune enfant qui, de 18 mois à 5 ans, grandit d'environ 10 cm par an, les besoins en vitamines D restent importants, en particulier chez l'enfant à peau pigmentée. La supplémentation proposée est soit une dose unique de 80 000 à 100 000 UI de vitamine D tous les deux ou trois mois en période de faible ensoleillement, soit de 1 000 à 1 200 UI/j pendant la même période.
Les adolescents ont un besoin accru mais trop souvent négligé en vitamine D, besoin qui pourrait être couvert par une supplémentation de 80 000 à 100 000 UI deux fois par hiver à deux mois d'intervalle.
La prévention des caries par le fluor
Depuis 1987, l'incidence des caries dentaires a diminué en France de 50 % chez les enfants de 12 ans. Cette diminution spectaculaire a été obtenue grâce à un ensemble de mesures de prévention, parmi lesquelles la supplémentation fluorée a joué un rôle important.
Le fluor constitue aujourd'hui, avec le brossage régulier des dents, l'un des moyens les plus sûrs pour prévenir les caries dentaires. Ingéré dès la naissance par voie systémique, le fluor protège les bourgeons dentaires en renforçant les cristaux d'apatite de l'émail, complété par un effet topique (dentifrice fluoré) après l'éruption dentaire, il favorise la reminéralisation plus rapide de cet émail après les attaques acides.
Cependant, la maîtrise des apports fluorés est indispensable car la multiplication des sources potentielles de fluor (eaux de boissons {de 0 à 8 mg/l], qu'il s'agisse des eaux de distribution ou des eaux embouteillées, sels fluorés (0,25 mg de fluor/g de sel), dentifrices) peut conduire à un surdosage chronique en fluor, se manifestant par des petites taches blanches sur les dents. Ce risque reste cependant marginal. En outre, la dent fluorotique est plus résistante à la carie, précise le Pr Jean-Pierre Fortier (odontologie pédiatrique, faculté de chirurgie dentaire, université Paris-V).
L'AFSSAPS recommande une supplémentation dès la naissance jusqu'à l'âge de 12 ans, assortie d'un bilan personnalisé des apports fluorés avant toute prescription.
La dose prophylactique optimale de fluor a été fixée à 0,05 mg/kg/jour et ne doit pas dépasser 1 mg/j tous apports confondus dans les régions où la teneur de l'eau de distribution est inférieure à 0,3 mg/l, soit en pratique :
- de 0 à 2 ans : utilisation d'eau non ou peu fluorée pour les biberons, avec prescription systématique de fluor en gouttes ou en comprimés ;
- de 2 à 6 ans : prescription de fluor modulée selon le bilan personnalisé et utilisation d'un dentifrice fluoré adapté à l'âge (< 500 ppm pour les enfants de 2 à 6 ans) ;
- de 6 à 12 ans : le fluor est apporté par les eaux de boissons, le sel fluoré et les dentifrices fluorés, dosés à partir de 100 à 150 mg de fluor (de 1 000 à 1 500 ppm).
Conférence de presse organisée par Novartis Santé Familiale.
* Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.
Groupe de travail en pédiatrie
Constitué des Prs Eric Mallet (Rouen), Philippe Reinert (Créteil), Joël Gaudelus (Bondy), Jean-Pierre Forstier (Paris) et du Dr Jean Stagnara (Lyon), le Groupe de travail en pédiatrie s'est donné pour mission de diffuser aux pédiatres, aux médecins généralistes et chirurgiens-dentistes, une information claire, tenant compte des dernières données scientifiques les plus récentes dans le domaine de la pédiatrie.
Son premier objectif a été de clarifier l'information sur la prescription du fluor et de la vitamine D.
Dans cette optique, deux projets majeurs ont été mis en place : les amphis de pédiatrie ZymaJuniorZ et les prix ZymaJuniorZ, destinés promouvoir la recherche sur la prévention et le dépistage de la carie dentaire et de la carence vitaminique D.
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