LA COLÈRE GRONDE chez les pédiatres et les psychiatres libéraux après les mesures de revalorisation très ciblées, et donc de portée limitée, prévues pour ces spécialités dans l'avenant 23 à la convention conclu à la mi-mars (1). Dans ces deux disciplines cliniques au bas de l'échelle des revenus médicaux (2), le sentiment qui domine est celui d'un manque de considération de la part des pouvoirs publics, mais aussi, parfois, des centrales syndicales qui négocient les accords tarifaires (traités en fin de négociation après les médecins généralistes et les spécialités techniques, les « cliniciens » ont l'impression de se partager les miettes).
Pour les pédiatres, les partenaires conventionnels ont décidé de revaloriser certaines consultations pour la prise en charge des enfants «particulièrement vulnérables». Un supplément de 10 euros sera appliqué à la consultation de synthèse annuelle chez un enfant de moins de 16 ans en ALD, sous réserve notamment d'un bilan approfondi de l'état de santé. Pour le Dr Jean-Michel Muller, vice-président du Syndicat national des pédiatres français (Snpf), cela concerne une part «infime» de l'activité pédiatrique.
«C'est quasiment zéro», réagit aussi le Dr Frédéric Delacourt, vice-président du collectif des pédiatres libéraux, qui revendique 500 médecins. Une «mesurette» au regard de la «disparition programmée de la pédiatrie libérale» (3 600 pédiatres de ville en 1995, 2 400 aujourd'hui, 400 départs annoncés dans les trois ans à venir). L'autre disposition prévue, la majoration de 5 euros pour l' «examen du nourrisson du huitième jour», ne serait pas à la hauteur des enjeux (malgré 800 000 naissances par an), et même source de contentieux avec la Sécurité sociale. «Veut-on encore des pédiatres généraux en cabinet libéral capables de pratiquer une médecine lente et globale ou seulement des superspécialistes universitaires?», interroge le Dr Delacourt.
Pédopsychiatrie « sinistrée ».
Le bilan n'est guère plus réjouissant du côté des psychiatres. L'avenant instaure une majoration de 10 euros pour les actes de pédopsychiatrie, avec consultation familiale dans deux cas : première consultation (longue) avec la famille d'un enfant présentant une pathologie psychiatrique grave, avec prise en charge spécialisée d'une durée prévisible au moins égale à un an ; consultation annuelle de synthèse avec la famille d'un enfant présentant une pathologie psychiatrique. «On se moque de nous, tranche le Dr Pierre Staël, président du Syndicat des psychiatres français (SPF, qui adhère à l'Umespe-Csmf, mais aussi au SML et à la FMF). Alors que la pédopsychiatrie est sinistrée, ces mesuresne représentent quasiment rien.» Pour ce responsable, l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) «ne veut rien céder aux psychiatres» dont le rôle de suivi thérapeutique serait remis en cause. «Sur le fond, la caisse voudrait uniquement des psychiatres experts consultants faciles d'accès et déléguer tout le reste à des psychothérapeutes de tout poil.» Quant à l'alignement du tarif de la visite VNPSY sur celui de la consultation CNPSY (34,30 e), il s'agit pour la profession d'un «simple rattrapage».
(1) Cet avenant a été signé par la Csmf, le SML et Alliance. (2) Le revenu imposable (2005) des psychiatres s'élevait à 73 200 euros, celui des pédiatres à 70 900 euros (contre 75 100 euros pour les médecins généralistes).
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