D’UNE MANIÈRE générale, les pédiatres ne donnent pas beaucoup de médicaments à leurs enfants, pas davantage qu’à leurs petits patients. Mais pas moins non plus. Du paracétamol, des antibiotiques le plus souvent, les médicaments des premières urgences parfois, mais plus rarement. Pédiatre, on préfère s’occuper de ses enfants pour les maladies courantes, surveiller et laisser la main aux urgentistes et aux spécialistes si cela est nécessaire.
Pédiatre hospitalière, Marie-Odile M. a préféré confier ses quatre enfants à une amie pédiatre en ville, pour tout ce qui concerne le suivi courant : visites de routine et vaccins. Toutefois, «à partir de 10-12ans, c’est moi qui ai fait les rappels». Et puis, « quand ils étaient malades, c’est moi qui m’en occupais». D’autant que, comme par un fait exprès, la fièvre se déclenchait souvent la nuit ou le week-end. «Je ne dérangeais pas quelqu’un en urgence.» Sauf si une laryngite aiguë persistait après la mise en oeuvre des premières mesures (vapeur d’eau dans l’atmosphère, bétaméthasone en gouttes, voire corticoïdes injectés). «Là, sans perdre de temps, nous allions directement aux urgences, comme nous le recommandons aux parents, même si c’était dans l’hôpital où maman travaillait.»
Cette mère a deux filles sages, mais aussi deux jumeaux sportifs, qui ont ramené leur lot de traumatismes à l’adolescence. Une fois un plâtre à un poignet, une autre fois quelques points de suture. «Là, bien sûr, nous allions aux urgences à l’hôpital.»
«Quand ils avaient de la fièvre, même si je savais que cela n’était pas grave, ils restaient à la maison. Car j’ai toujours considéré que, s’ils sont malades, ils n’écoutent pas à l’école», se souvient Hélène G, pédiatre près de Marseille. Heureusement, les grands-parents étaient disponibles. La maman faisait le premier examen, les prescriptions, puis allait retrouver ses petits patients tout en suivant l’évolution avec la garde à la maison. Cette mère, tout pédiatre qu’elle est, n’est pas de tempérament particulièrement inquiet pour sa progéniture. Son mari, radiologue hospitalier, l’est davantage. «Les enfants ont peut-être eu plus d’investigations que la moyenne.» On a pu craindre un kyste thyréoglosse lorsqu’une pomme d’Adam est prématurément apparue chez un garçon. Ou une pseudo-coarctation de l’aorte à une autre occasion.
Les craintes ont été démenties.
Pour les maladies courantes.
Les enfants du Dr Charlotte B., pédiatre en PMI près de Rennes, ne sont pas souvent malades. Avec le père, médecin également, et qui d’ailleurs s’est déclaré le médecin traitant de sa famille, «nous les soignons nous-mêmes pour toutes les maladies courantes ». On fait tout à la maison, mais on recourt au spécialiste lors d’une pyélonéphrite de la jeune fille et pour juguler les allergies du jeune garçon.
Certains enfants choisiraient bien d’ailleurs leur mère comme pédiatre de préférence à tout autre. Telle la petite Lila F., qui a vécu les affres d’une intolérance à un vaccin contre la varicelle, assortie de phénomènes paresthésiques et parétiques par auto-immunité. Heureusement régressifs, mais après des mois d’inquiétude et d’errance diagnostique, la petite ne veut plus désormais être soignée que par sa maman médecin.
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