«Les sciences du vivant sont une absolue priorité nationale de recherche», a réaffirmé la ministre de la Recherche alors qu'elle rencontrait plusieurs chercheurs de l'institut universitaire d'hématologie (IUH), à l'hôpital Saint-Louis. Mais pour être compétitif au niveau international, une réorganisation du dispositif de recherche français s'impose. Face à l'INSERM, qui s'est vu confirmer le rôle de coordinateur de la recherche biomédicale (« le Quotidien » du 16 avril), le CNRS semble chercher sa place. Dans un entretien publié la semaine dernière, et qui a mis le feu aux poudres, Valérie Pécresse indiquait que l'organisme, en dehors de ses domaines de prédilection, devrait travailler dans le cadre d'un «pilotage conjoint». En ce qui concerne les sciences du vivant, «nous sommes aujourd'hui dans une logique de coopération et de coordination: les solidarités entre organismes doivent devenir beaucoup plus fortes. Il ne doit plus y avoir de compétition stérile», a précisé Valérie Pécresse devant les chercheurs de l'IUH, regroupant le CNRS, l'INSERM, le CEA et l'AP-HP. Et d'ajouter : «On ne touche ni au périmètre des organismes ni au statut des chercheurs. En revanche, on essaie de bâtir une organisation coopérative nationale, un pilotage stratégique conjoint», qui permette de créer un continuum allant de la biologie fondamentale jusqu'au médicament. Ce schéma, c'est exactement ce que le directeur de l'IUH, François Sigaux, veut mettre en place à l'hôpital Saint-Louis. L'enjeu est de mettre la politique budgétaire en phase avec la démarche scientifique en créant un comité de pilotage administratif multipartenarial.
Complexité administrative.
Un défi pas si simple lorsqu'on entend les doléances des chercheurs. Une complexité administrative chronophage au détriment du temps de recherche, des structures trop rigides qui ne permettent pas d'utiliser au mieux les crédits, des tutelles et des règles trop diverses, des justifications de dépenses incessantes. Valérie Pécresse questionne : la plupart de ces problèmes ne viennent-ils pas du manque de coordination entre organismes ? Les chercheurs acquiescent. C'est vrai, il est nécessaire d'avoir une masse critique financière, mais la mise en place d'un guichet unique au sommet faciliterait les choses, reconnaît François Sigaux. La ministre de la Recherche promet d'auditer toutes les règles de gestion et de prendre les plus favorables. «Mais c'est un travail de fourmi que nous devons faire auprès des directeurs de recherche d'unité mixte», prévient-elle. Autre promesse, celle de revoir l'attractivité du métier de chercheur. «J'ai demandé à l'Académie des sciences de réfléchir à ce problème et notamment à celui des post docs». Rendez-vous est pris en juin. La ministre attend également que les directeurs du CNRS et de l'INSERM, Catherine Bréchignac et André Syrota, aboutissent à ce projet de pilotage conjoint des sciences du vivant. «Nous avons en décembre la signature des contrats quadriennaux avec les deux organismes. C'est la première fois que nous signerons ce type de contrats qui engagent l'État au niveau des moyens. Mais il faut que, d'ici là, nous ayons avancé sur ce projet», explique la ministre. Avant cette date butoir, la prochaine étape aura lieu le 19 juin, lors de l'adoption du plan stratégique du CNRS.
Journée de mobilisation
Les syndicats et le mouvement Sauvons la recherche appellent la communauté scientifique et universitaire à participer, aujourd'hui, à une mobilisation nationale en réponse à l'annonce, jugée prématurée, des grandes lignes de la réforme du CNRS par la ministre de la Recherche. Les syndicats appellent à un autre rassemblement devant le siège parisien de l'organisme, le 19 juin, date du conseil d'administration qui doit voter le schéma stratégique.
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