«LA FOI DANS LE MÉDICAMENT traverse les croyances et les cultures.» Le Dr Gérard Kouchner, président du groupe CMP Medica France, qui publie notamment « le Quotidien du Médecin », a voulu rappeler, à l'occasion de la remise du prix Galien, le caractère universel du médicament qui soigne et soulage quels que soient les pays et les continents. À condition toutefois que la recherche permette de mettre sur le marché des spécialités efficaces et innovantes. Et à cet égard, les médicaments récompensés cette année par le prix Galien – quatre lauréats, ce qui est exceptionnel – prouvent le dynamisme de la recherche pharmaceutique. Une interprétation que rejoint tout à fait Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, lorsqu'elle affirme que «santé et recherche ont parties liées». Une recherche dont le but essentiel est évidemment, poursuit la ministre, «d'améliorer les soins prodigués aux malades». Encore faut-il que l'industrie s'implique dans cette recherche. «Mais, répond aussitôt le Dr Jacques Servier, président du laboratoire du même nom et qui s'est vu récompenser pour la découverte de l'ivabradine (inhibiteur du courant If), la recherche est la principale mission de l'industrie pharmaceutique et la découverte, sa raison d'être.» Sans compter, ajoute Jacques Servier, «que la recherche est une source d'emplois». Et ce chef d'entreprise, qui consacre chaque année 25 % de son chiffre d'affaires à la recherche, sait de quoi il parle.
Une politique volontaire.
Ce qui explique aussi que Roselyne Bachelot, dans son allocution, ait mis en exergue le problème de l'attractivité de la France. «L'augmentation de notre attractivité, a dit la ministre, doit faire l'objet d'une politique volontaire et dynamique qui permette à la nation de rester à l'avant-garde de la recherche mondiale.» Et de citer des avantages, comme l'autonomie des universités qui devrait donner de nouvelles possibilités aux équipes de recherche, l'environnement fiscal ou le crédit d'impôt recherche, qui concerne, a dit Roselyne Bachelot, au premier chef l'industrie pharmaceutique.
«La France joue un rôle essentiel pour notre entreprise, lui répond comme en écho le président de la filiale française de Bayer Santé, Bayer Schering Pharma, Werner de Prins, qui a reçu le prix Galien pour le sorafénib (carcinome hépatocellulaire). C'est le numéro trois pour la recherche clinique après l'Allemagne, siège de la maison mère, et l'Italie.» Et de rappeler que Bayer Schering Pharma, qui a décidé de s'installer à Lille, va poursuivre ses efforts en matière de recherche dans notre pays. Investir dans la recherche est un impératif, reconnaît d'ailleurs Michel Vounatsos, patron de MSD, qui a été récompensé pour le raltegravir (contre le VIH). «C'est en investissant dans la recherche, explique-t-il, en y consacrant de plus en plus de moyens, en facilitant la coopération entre le public et le privé que nous pourrons répondre à l'attente des millions de patients.» C'est certainement vrai pour la lutte contre le VIH, mais aussi dans d'autres domaines. Ainsi la récompense obtenue par le laboratoire Biocodex, pour le stiripentol dans le traitement d'une forme rare d'épilepsie du nourrisson, est-elle significative de cette coopération indispensable entre recherche publique et recherche privée. «Un médicament orphelin, pour une maladie orpheline, a ainsi commenté le président de Biocodex, Jean-Marie Lefèvre, a été élaboré grâce au partenariat exemplaire public-privé qui a permis d'atteindre un objectif commun: mettre le médicament à la disposition des enfants.»
Docteur en conseils des entreprises.
Un processus qui a été salué par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, également présente à cette cérémonie. «Il faut encourager, a-t-elle souligné, tous les partenariats recherche publique et recherche privée, afin de mettre au point les nouveaux traitements pour les patients.» La ministre a rappelé le projet de CHU pharmaceutique qui favorisera la bi-appartenance des enseignants chercheurs. Le texte, a rappelé Valérie Pécresse, est en cours de signature. Dans le même état d'esprit, Valérie Pécresse a précisé son projet de doctorat en conseil des entreprises, «qui permettra à de jeunes chercheurs de mettre leur talent, leur expertise, au service d'un projet essentiel au développement d'une entreprise, d'une PME, pendant 32jours par an de prestations de services».
Et la ministre d'insister sur les efforts du gouvernement pour favoriser la recherche et aider les chercheurs. «La réorganisation de l'INSERM en instituts, celle prochaine du CNRS, les déclarations du président de la République sur la maladie d'Alzheimer, a conclu la ministre, témoignent de cette volonté de moderniser la recherche et d'en faire une priorité nationale. Même si la tâche est immense.»
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