Les lendemains de fête portent souvent le poids des excès commis la veille. Le Dr Blénet, chef du pôle urgence SAMU du Centre Hospitalier de Perpignan, nous a gratifié du poids de ses mots le jeudi 2 janvier dans l’Indépendant en page 2. Il porte des accusations gravissimes à l’égard des médecins généralistes libéraux installés dans le département des Pyrénées Orientales (lire aussi la réaction du Dr Pierre Frances à cet article).
Le Dr Blénet constate que « la plupart des personnes âgées acheminées vers le service (ndl : aux urgences du Centre Hospitalier Saint Jean de Perpignan) dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, avaient trop attendu avant d’être soignées. Elles sont arrivées chez nous dans un état de santé dégradé ». Il fait le lien dans les lignes précédentes avec la fermeture des cabinets de médecine générale libérale pendant la période des fêtes et l’organisation de la permanence des soins ambulatoire (la garde des médecins généralistes libéraux) en Nuit Profonde (0h à 8h)
Il s’abstient de nous livrer des renseignements précis. Pourtant la vérité d’une si grave affaire ne peut se faire sans chiffres détaillés et vérifiables. Quelle est sa méthode ? Révéler une impression diffuse, personnelle et invérifiable ou livrer une évaluation scientifique.
• Pourquoi nous dire « la plupart » sans nous donner un chiffre.
• D’où provenaient ces prétendues personnes âgées abandonnées par les médecins généralistes de la ville et de la campagne. Est-ce un phénomène localisé à quelques endroits ou est-ce un phénomène généralisé à tout le territoire ?
• Sur quels éléments se fonde le Dr Blénet pour déclarer que les personnes âgées du département ont rencontré des difficultés d’accès aux soins au point de mettre en péril leur vie, pendant la période des fêtes. Les personnes concernées ou leur entourage ont-elles fait des déclarations au personnel des urgences ou au personnel de la régulation du Centre 15 ?…
En tout cas, dès à présent, nous pouvons relever les erreurs chiffrées du Dr Blénet. Il nous annonce que seuls 20% des secteurs du département des Pyrénées-Orientales sont couverts par les médecins généralistes libéraux. C’est faux car le Dr Blénet a oublié de prendre en compte SOS médecins, association de médecins généralistes libéraux installés, qui couvre en Nuit Profonde (0h à 8h) Perpignan et toute sa couronne (23 communes fortement peuplées autour de Perpignan) soit près de 200 000 personnes sur un effectif départemental de 440 000 personnes. Un détail !
Effectivement, quelques secteurs n’ont plus de médecins généralistes libéraux de garde en nuit profonde. Est-ce un choix de leur part : NON ! Devant la demande nationale du ministère de la santé de regrouper les secteurs de garde dans un but d’économie, notre département a vu la disparition de 8 secteurs de garde. Economie réalisée par la collectivité : - 450 000€. Une nouvelle organisation s’est mise en place, officielle, sous la responsabilité de l’Agence Régionale de Santé du Languedoc-Roussillon. La maison médicale de garde de Perpignan a été créée pour regrouper tous les médecins généralistes libéraux de la plaine du Roussillon (240 environ) et s’occuper de la population de la plaine du Roussillon avec SOS médecins qui couvre (et qui couvrait déjà) la majeure partie de la population de ce très grand secteur pour les visites (avec aussi des consultations sur un point fixe) et la Nuit Profonde. Il reste néanmoins une partie de la population dont celle de la grande couronne de Perpignan à la périphérie de la plaine du Roussillon qui n’a plus d’autre recours en Nuit Profonde (0h à 8h) que les services d’urgence des établissements : les urgences du Centre Hospitalier de Perpignan mais aussi les cliniques totalement oubliées par le Dr Blénet : Médipole, Saint Pierre, la Mutualiste Catalane, à Perpignan ainsi que la clinique de Céret et celle de Prades. L’ensemble de ces cliniques accueille au total plus d’urgences que le Centre Hospitalier de Perpignan !
Début 2011, pour éviter sur ces quelques secteurs, l’absence d’offre de soins à domicile en Nuit Profonde, un projet de médecin généraliste libéral de garde en mobilité (effecteur mobile) a été proposé. Ce projet conçu par un médecin généraliste libéral, responsable de la Permanence des Soins ambulatoire, en collaboration avec les taxis Perpignanais, aurait garanti une qualité de service inégalable tout en donnant des conditions de travail digne aux médecins généralistes libéraux, transportés par un taxi. Ces derniers travaillent toute la journée précédent leur garde sans bénéficier d’un repos compensateur le lendemain, contrairement à leurs confrères hospitaliers... Le coût de ce projet (120 000 euros annuels) était largement compensé par les économies précédemment citées mais s’est heurté à un refus de l’ARS, qui n’a pas soutenu cette organisation des médecins généralistes .
Malgré cela, les médecins généralistes libéraux résistent au découragement et continuent à assurer leur devoir dans le cadre qui leur a été fixé.
C’est pour cela que les propos diffamatoires du Dr Blénet sont injustes et intolérables. Les médecins libéraux ont une haute estime pour l’Hôpital Public et sont consternés de se voir trainer dans la boue par l’un de ses membres.
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