Environ huit mille élèves de médecine ont fait leur rentrée à l'université de science et médecine Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), à Paris.
Parmi eux, 1 800 jeunes se sont lancés dans l'aventure périlleuse du PCEM1, puisque le taux d'échec au concours de fin de première année atteint les 80 %, voire les 85 % à l'UPMC.
« Sur les cinq dernières années, précise le Pr Gilbert Béréziat, président d'université, qui est aussi médecin , cinquante élèves exclus du cursus de médecine à l'issue de la première année avaient un bac scientifique, mention très bien, une centaine avec mention bien, et cent cinquante avec mention assez bien ».
« Ces brillants recalés, ces bons élèves », Gilbert Béréziat ne souhaite pas qu'ils quittent son université. Tout comme il aimerait y attirer les jeunes sortis prématurément des préparations aux grandes écoles ou les recalés aux concours d'entrée des établissements réputés.
Depuis l'année dernière, du coup, les « reçus-collés » de la première année de médecine, ceux qui ont eu des résultats dépassant la moyenne mais que les quotas d'admission ont exclus, peuvent accéder à la seconde année de DEUG, dans le domaine scientifique qu'ils souhaitent.
Ce type de dispositif existe ailleurs. Mais celui de l'UPMC comporte une nouveauté intéressante : venant de la première année de médecine, les étudiants n'ont pas toutes les connaissances physiques ou mathématiques requises pour suivre correctement la seconde année de DEUG scientifique. Sur ses propres deniers, l'université propose donc des cycles de remise à niveau, en fonction des besoins de chacun. Des études à la carte, en quelque sorte.
Cette année, ce dispositif s'est ouvert aux « collés » qui ont juste atteint 10/20. En 2004, les élèves de prépas pourront postuler à leur tour, sur dossier, à condition d'avoir un bac scientifique. Deux cents élèves bénéficient, cette année, de cette méthode de la « deuxième chance », et l'objectif est d'atteindre un effectif de trois ou quatre cents étudiants par an.
Le système LMD
Par ailleurs, l'ensemble de l'université Pierre-et-Marie-Curie passera au LMD (licence-master-doctorat) dès l'année prochaine. Les études de médecine ne sont pas concernées a priori par cette réforme du ministère de l'Education. Mais le Pr Béréziat souhaite étendre le système de passerelle entre les études de médecine et les filières scientifiques, et il compte bien sur les LMD pour y parvenir.
Ainsi le cursus de licence sera composé de trois cycles de 60 unités de valeur chacun (des « crédits », dit-on aujourd'hui) : un cycle « intégration pluridisciplinaire », un cycle « orientation » puis un cycle de « spécialisation débouchant sur une licence disciplinaire ou professionnelle ».
Dans ce cadre, les recalés de PCEM1 accéderont directement au second cycle de licence, après validation de leurs connaissances sous forme de « crédits ».
Par ailleurs, « nous aurons dix mentions de master - au lieu de 180 intitulés de DEA et de DESS actuellement, dont trois qui pourront particulièrement intéresser les étudiants de médecine », explique Gilbert Béréziat. En validant la partie scientifique des trois premières années de médecine, les étudiants qui voudront changer d'orientation pourront aussi valider presque entièrement une première année de master. Ils n'auront que quelques « crédits » à récupérer durant la deuxième année. S'ils n'ont plus la vocation, les ex-futurs médecins pourront donc se diriger vers les sciences, avec des facilités certaines de remise à niveau. Bien entendu, l'inverse n'est pas envisageable.
Pour Gilbert Béréziat, ce système de passerelle, ou deuxième chance, « nécessite cependant que l'on modifie le contenu scientifique actuel de la première année de médecine ».
Cela implique, selon lui, « que l'on ne mette pas sur le même pied les formations médicales et les formations paramédicales de courte durée », affirme-t-il, avec en tête les conclusions du rapport Debouzie pour la première année des études médicales. Il craint que le niveau de connaissance scientifique imposé dès la première année de médecine depuis près d'un demi-siècle par la réforme Debré ne soit remis en cause.
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