LES MAISONS MÉDICALES de garde (MMG) de La Plaine de l’Ain, de La Rochelle, et plusieurs autres, ont mis purement et simplement la clé sous la porte. Toutes celles du département du Rhône sont sur le fil du rasoir, sans parler des autres, qui tentent péniblement de ficeler leur budget avec les moyens du bord, c’est-à-dire avec pas grand-chose, hormis la bonne volonté et l’énergie de leurs animateurs.
C’est peu dire que les MMG souffrent – notamment – d’absence de financement durable. Et les récentes déclarations de Xavier Bertrand, assurant à l’Assemblée nationale que «aucune MMG ne fermera en avril» ne rassurent que moyennement le Dr Filippi, président de la Fédération des Maisons médicales de garde (Fmmg), qui égrène la litanie des MMG en péril.
Petit tour de France (non exhaustif) :
– à Avignon, outre des problèmes avec l’hôpital qui accueille la MMG (« le Quotidien » du 31 mars), une sombre affaire la fragilise : selon le Dr Bernard Muscat, responsable de la MMG, cette structure n’est pas inscrite au tableau de garde départemental, son secteur ayant été attribué à SOS-Médecins par convention avec la Ddass (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales). Après intervention de l’Ordre départemental des médecins, la situation devrait s’arranger dès la prochaine réunion du Codamups (comité départemental de l’aide médicale urgente) prévue en septembre prochain. Sauf que, entre-temps, l’Urcam (Union régionale des caisses d’assurance-maladie) de Paca aura achevé son évaluation de la MMG et aura constaté que, actuellement, elle n’est inscrite sur aucun tableau de garde, et que les médecins qui y participent à la PDS ne touchent pas les astreintes majorées. Ce qui risque évidemment d’affecter les résultats de cette évaluation ;
– dans les Yvelines, les trois MMG sont en grève depuis le 1er avril (« le Quotidien » du 27 mars) : elles protestent contre des circuits financiers pour le moins baroques imposés par la Cpam (caisse primaire d’assurance-maladie) du département ;
– à Lyon, les MMG sont au bord du dépôt de bilan. A la suite des restrictions budgétaires du Faqsv, elles ne sont plus en mesure de payer leur personnel administratif et envisagent un prochain mouvement de grève. Quant à celle de Villefranche-sur-Saône, elle n’ouvre désormais plus que le week-end. Plus généralement, toutes les MMG de la région Rhône-Alpes sont menacées à court terme : en effet, le Faqsv n’a toujours pas reçu sa dotation budgétaire de 2006 pour d’obscures raisons administratives. Les responsables de MMG sont priés de faire jouer le système D ;
– en Ille-et-Vilaine, outre la fermeture de la MMG de Rennes depuis janvier dernier, celles de Fougères, de Vitré et de Messac sont sur le fil du rasoir en termes financiers.
– à Marseille, des problèmes budgétaires risquent de contraindre les responsables à ne plus disposer de secrétariat, notamment de nuit, alors qu’il constitue pourtant une sécurité pour les médecins et une dissuasion à l’encontre d’éventuels patients agressifs ;
– à Gap, dans les Hautes-Alpes, l’Urcam vient d’annoncer sa décision de ne plus financer le poste de secrétaire de nuit.
Indispensable toilettage.
Certes, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure, et certaines MMG fonctionnent, certes, dans des conditions tout à fait satisfaisantes. Mais les problèmes qu’elles rencontrent trop souvent attestent qu’elles se sont développées dans un cadre législatif et financier qui nécessitera rapidement un sérieux toilettage. Pour le Dr Simon Filippi, «il faut sortir les MMG du contexte d’expérimentation dans lesquelles on les maintient artificiellement depuis trop longtemps. Tout le monde reconnaît leur utilité. Il faut dire maintenant qu’elles ont besoin d’un financement pérenne. Si on pouvait enfin retirer ce financement au Faqsv qui, par nature, ne finance que les expérimentations, ce serait tant mieux!».
Le patron de la Fmmg ajoute que les problèmes des MMG ne se limitent pas au seul financement et prévient que, si le samedi après-midi n’est pas rapidement intégré aux horaires de la PDS, «cela va décourager la majorité des médecins qui y exercent». Sur cette question comme sur beaucoup d’autres, c’est le flou qui domine. Pour le moment, le samedi après-midi est toujours exclu des horaires de la PDS et certaines Urcam font du respect du cahier des charges un préalable à tout financement. Mais d’autres ferment les yeux quand elles n’encouragent pas les MMG à ouvrir à ces horaires non contractuels. Même chose pour les budgets des secrétariats et de la sécurité. Les Faqsv retirent de plus en plus souvent les budgets secrétariat affectés à la nuit alors qu’une présence autre que purement médicale est facteur de sécurité.
Le ministre de la Santé doit réunir dans un délai de trois semaines tous les acteurs du dossier pour ce que certains espèrent être un «Grenelle de la PDS». Nul doute que les médecins sauront décrire à Xavier Bertrand la situation des MMG en des termes choisis, comme vient de le faire la Fmmg qui, après son conseil d’administration, menace purement et simplement d’un «mouvement national de fermeture des MMG le 1ermai prochain».
Les propositions de la Fédération
A l’issue de son conseil d’administration qui s’est tenu le week-end dernier, la Fédération des MMG (Fmmg) a rendu publique une motion sur les Maisons médicales de garde :
1) Chaque MMG doit être adossée à au moins un secteur de garde défini en Codamups.
2) Le secrétariat de nuit doit être de droit pour la sécurité des médecins, qui sont aujourd’hui de plus en plus souvent des femmes.
3) La régulation doit concerner TOUS les services d’urgence ou de PDS. L’accès direct ne peut être refusé, mais les moyens mis en oeuvre seront renforcés pour le réduire.
4) Le financement des MMG doit être assuré par un fonds qui ne soit pas aléatoire, mais qui soit une enveloppe dédiée aux MMG, indépendantes des aléas politiques, durable, et qui prenne en compte leurs besoins.
5) Ces éléments nécessitent une réécriture de l’avenant n° 4 de la convention, et la modification du décret sur la PDS, afin d’y inclure le samedi après-midi.
6) La mutualisation des forfaits d’astreinte doit pouvoir être demandée selon les choix locaux.
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