EN AVRIL 2005, lors d'un mouvement de grève des urgentistes, le bouillant Patrick Pelloux, président de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France) s'était publiquement exprimé sur «certains services d'urgences (qui) ne peuvent plus faire face à l'afflux des malades», et sur «les personnes âgées (qui) sont mal soignées en raison de la mauvaise organisation du système de soins». A la fin de son intervention, le Dr Pelloux avait indiqué que «les médecins urgentistes ne sont pas là pour faire tout le boulot que les médecins libéraux n'ont pas envie de faire». Des propos qui ne lui avaient pas valu à l'époque que des amis. Il est convoqué ce matin à 10 heures en séance publique devant le conseil régional de l'Ordre des médecins, à la suite d'une plainte déposée pour non-confraternité par deux médecins généralistes, les Drs Bernard Huynh et José Clavero.
Patrick Pelloux, qui présente l'instance disciplinaire de l'Ordre de «tribunal de l'inquisition» et de «juridiction d'exception», assure «n'avoir jamais accusé la médecine générale de quoi que ce soit. Ceux qui disent que j'ai calomnié la médecine libérale sont des menteurs. De plus, la liberté de parole syndicale est garantie par la Constitution». Puis, visiblement très remonté, Patrick Pelloux s'estime «très honoré d'être éventuellement condamné par le Conseil de l'Ordre, car nous n'avons pas, à l'évidence, les mêmes valeurs. Depuis quelque temps, nous avions progressé dans nos relations avec le monde libéral. En donnant suite à cette plainte, l'Ordre brise tout ce travail».
Du côté des plaignants, le Dr Bernard Huynh n'est pas du même avis : «Le DrPelloux parle trop souvent publiquement sans mesurer ses paroles. De temps en temps, il devrait se souvenir que, en tant que médecin, ses propos prennent une tout autre résonance». D'autant plus que, affirme le Dr Huynh, «les libéraux, contrairement aux allégations du DrPelloux, assurent 95% des urgences. Un gros cabinet de groupe à Paris en traite autant que le service d'urgences de l'hôpital St Antoine [où exerce le président de l'Amuf, ndlr]. »
Verdict de l'affaire ce matin, si toutefois le jugement n'est pas mis en délibéré. Mais le Dr Pelloux est presque sûr d'écoper d'un mois de suspension d'exercice : «Je pense d'ailleurs, ajoute-t-il, que le gouvernement n'est pas pour rien dans cette affaire, en cette époque d'élections. Quant à l'attitude de l'Ordre à mon égard, elle me conforte dans mon rôle de fervent partisan de la dissolution des ordres professionnels.»
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