Théâtre
Au commencement, un roman épistolaire. Il se nomme Adam. Il est psychanalyste. Il vit et travaille à Paris. Elle se nomme Louise. Elle s’est sauvée. Elle s’est arrachée à une passion qui la détruisait, pense-t-elle. Elle s’est installée à Montréal. Elle est avocate.
Dans un espace partagé en deux, avec au fond des photographies monumentales des villes et deux bureaux de chaque côté, ils s’adressent l’un à l’autre. À jardin, Éric-Emmanuel Schmitt, dans un beau costume qui lui donne de l’aisance, une présence forte, solaire et malicieuse à la fois. À cour, Marie-Claude Pietragalla, tout de noir vêtue (elle a refusé la robe rouge imaginée par l’excellente Pascale Bordet, robe qui figure sur les photos…).
Éric-Emmanuel Schmitt a adapté son roman. Steve Suissa signe la mise en scène. Ces lettres sont des courriels : ils sont instantanés, donc ce devrait être comme un véritable dialogue. Le problème est que les paroles qui s’échangent circulent, mais sans jamais aucun regard de l’un à l’autre protagoniste. Cela déséquilibre un peu la représentation, d’autant que les interprètes ne sont pas en situation d’égalité. Éric-Emmanuel Schmitt savoure son propre texte, le connaît profondément et a déjà l’habitude du jeu. Marie-Claude Pietragalla, danseuse magistrale, est encore enfermée dans le souci de bien restituer sa partition. Elle est tendue. Elle a un petit défaut de prononciation que le trac accentue. Tout cela va s’atténuer au fil des représentations et elle va trouver plus de liberté pour incarner vraiment son personnage.
Habile, Éric-Emmanuel Schmitt installe son texte sous une double lumière : il emprunte le titre à Donizetti, et l’on entend de belles bouffées de l’ouvrage ; il inscrit au cœur « les Liaisons dangereuses » et prête aux deux anciens amants des manœuvres qui n’ont pas la cruauté du chef-d’œuvre de Laclos, mais sont amusantes.
Cela donne un spectacle qui n’est pas sans charme mais qui doit trouver son équilibre. Schmitt comédien a du tempérament. Pietragalla doit oublier ses précautions et se laisser aller aux pensées de Louise comme à son propre tempérament.
Théâtre Rive Gauche, à 19 heures du lundi au samedi, jusqu’au 15 mars. Durée 1 h 30. Tél. 01.43.35.32.31, www.theatre-rive-gauche.com.
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