Passerelle pour la liberté

La santé en librairie

Pour Martin Winckler, l'affaire est claire : nous vivons « dans un pays où l'information sur la contraception est incohérente », ce qui explique en particulier à son sens les IVG en nombre. Ce n'est ni aux enseignants ni aux médias, aussi mal placés les uns que les autres pour des raisons différentes, que l'on peut demander de parler de contraception, sujet directement lié à la sexualité, explique-t-il. Et ce n'est pas parce qu'il faut bien parler du SIDA que l'on doit oublier la contraception, cette contraception en faveur de laquelle le médecin se fait militant actif : il la voit en effet « souhaitable pour toutes les femmes », pour la meilleure santé somatique de celles-ci et de leurs enfants, ainsi que pour la meilleure santé psychologique des familles.

A ce « point de vue médical », il ajoute un « point de vue individuel », qui fait du recours à la contraception quelque chose d' « indispensable, qu'on soit homme ou femme » et un « point de vue collectif », qui, cette fois, fait de ce recours « une nécessité absolue ». Ayant ensuite dénoncé le triste « sous-développement français » en matière de « gynécologie courante », il lui restait à présenter le contenu de son livre, livre technique dans la mesure où il se propose de « décrire tous les produits et méthodes d'ores et déjà disponibles en France et en Europe », mais aussi livre d'explications, de conseils, d'aide au choix.

Un compromis

Il est donc d'abord question de sexualité, pour aboutir à la conclusion selon laquelle « le comportement sexuel sera toujours un compromis entre nos pulsions élémentaires (la part biologique), notre expérience consciente et inconsciente (la part personnelle) et les règles du monde qui nous entoure (la part sociale) ». Si l'auteur consacre beaucoup à la part biologique, avec ses aspects techniques, il n'en oublie pas pour autant le rôle de conseilleur qu'il revendique et donne fermement son avis sur bien des points. Ainsi présente-t-il, par exemple, des protocoles d'action en cas d'oubli de pilule aussi précis que ses protocoles de déroulement d'une consultation de gynécologie correcte. Le médecin n'est ni moins exigeant ni moins précis lorsqu'il s'agit, au dernier chapitre, de dessiner un bon programme d'information sur la contraception, à l'école dès le primaire, dans l'enseignement supérieur, dans une publication mensuelle du ministère de la Santé, dans tous les médias.

« Contraceptions : mode d'emploi », de Martin Winckler, Au Diable Vauvert (diffusion Actes Sud), 447 pages, 14,48 euros (95 F).