Devant le grand rideau rouge, dans une robe de velours noir, face à son piano, une concertis-
te lumineuse s'adresse au public. Elle ne l'a jamais fait, mais c'est son dernier récital...
Flash-back, la comédie de Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann est un long retour en arrière sur une vie douloureuse déchirée entre vie privée et vie publique, amours et discipline intransigeante de l'art, coupures. Il y a les coupures du monde : Europe de l'Est au temps du mur de Berlin ; il y a les coupures intérieures : double vie, deux hommes, deux familles. Comment ne pas se dissoudre dans une telle tension ? Comment le cur ou la tête n'éclateraient-elles pas ?
Lorsque la pièce commence, après le prologue devant le rideau, on découvre la grande verrière imaginée par Guy-Claude François sur laquelle, souvent, il va pleuvoir sur fond d'orage. La femme blonde prépare une quiche. Elle ne fait pas un geste sans avoir besoin de réfléchir, de se référer à la photographie au Polaroïd qu'elle vient de faire et de punaiser au mur. Elle n'a plus de mémoire.
Comment reconnaîtrait-elle les visiteurs dont on saura plus tard qu'ils sont ses proches... Mais on ne va pas tout vous raconter !
La pièce est dense, parfois un peu lourde, mais elle se développe assez harmonieusement et le rythme va se préciser au fil des représentations. L'histoire est attachante, les personnages touchants : le jeune Grégori Baquet, un Jérémy un peu braque, maladroit - c'est le personnage ! - possède une belle sensibilité ; Claire Borotra est profonde, précise.
C'est Geneviève Casile qui domine la représentation de tout son art délié et aristocratique. La beauté, le timbre magnifique, la gravité enjouée, la souffrance contenue, le désarroi de celle qui a perdu la mémoire et tente de recomposer son passé, pour douloureux qu'il soit en certains de ses aspects, tout ici séduit.
Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann ont du métier et de la mélancolie, Alain Sachs un sens de la comédie. Il oxygène ce qui pourrait être sinistre ou trop triste. Et les comédiens sont profondément accordés. Une jolie soirée dont on ne sait pas si elle est scientifiquement cohérente - quant à la mémoire perdue et retrouvée - , mais qui touche.
Armelle HELIOT
Théâtre Hébertot, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 17 h 30 le samedi, à 15 h 30 le dimanche (01.43.87.23.23). Durée : 1 h 45 sans entracte. Le texte de la pièce est publiée par L'Avant-Scène théâtre (10 euros).
« La belle mémoire »,
de Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann
Passé composé
Publié le 23/09/2003
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HELIOT Armelle
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7389
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