«CE RAPPORT de l'Igas sur les dépassements d'honoraires a mis le feu aux poudres.» C'est le Dr Jacques Caton, président du Syndicat national des chirurgiens orthopédistes et traumatologues (SNC) qui attaque ainsi, lors d'une réunion conjointe avec les Drs Philippe Breil et Hubert Johanet, respectivement président et secrétaire général du Syndicat national des chirurgiens viscéraux et digestifs (Sncvd).
Qu'ils aient mal digéré le rapport de l'Igas est peu dire. «Ce rapport est déjà condamnable sur la forme», attaque Jacques Caton qui se dit «surpris» qu'il se retrouve sur Internet avant même d'avoir été remis au ministre. «Est-ce une volonté de manipulation? L'Igas est-elle complice? Il y a à tout le moins un manque choquant de rigueur.» Mais, pour Jacques Caton, le rapport est tout aussi condamnable sur le fond : «Il est bourré de contre- vérités, de choses fausses, à la limite de l'honnêteté intellectuelle.»
De son côté, si le Dr Philippe Breil partage globalement l'analyse du Dr Caton, il souligne quelques passages du rapport qui apportent, selon lui, de l'eau au moulin des chirurgiens. Comme ce chiffre sur les dépassements d'honoraires qui ne représentent, selon ce rapport, que 10 % du montant total des honoraires, soit 2 milliards d'euros sur 20 milliards d'euros d'honoraires.
Malgré tout, la charge des chirurgiens continue. Jacques Caton regrette que le rapport fasse «l'amalgame entre la chirurgie réparatrice et la chirurgie esthétique». Et rappelle que, vu le prix de la RCP (responsabilité civile professionnelle), il doit poser 30 prothèses de hanche par an, rien que pour payer cette RCP. «Sans majorations d'honoraires, poursuit-il, la grande majorité des chirurgiens mettrait la clé sous la porte.»
Philippe Breil rappelle de son côté que les chirurgiens «sont des chefs d'entreprise qui emploient notamment des secrétaires et des aides-opératoires: les honoraires conventionnels n'évoluent pas, le taux de charge, comme le rappelle le rapport, a augmenté de 47% en dix ans, si bien que les suppléments d'honoraires constituent notre seule variable d'ajustement». Car entre-temps, un subtil glissement sémantique s'est produit chez les trois chirurgiens qui ne parlent plus désormais de dépassements, mais de suppléments.
Jacques Caton reprend la parole. Pour lui, il s'agit d'une «campagne de dénigrement orchestrée par un rapport à charge», volontairement faite pour tenter d'encadrer les honoraires. «Pas question, ajoute-t-il, de négocier un encadrement des honoraires de secteurII. Touche pas à mon secteurII, ce n'est pas négociable.» D'autant, complète-t-il, qu'un praticien de secteur I paye beaucoup moins de charges qu'en secteur II. Avoir 30 % de suppléments d'honoraires, dit-il en substance, ne fait que ramener au niveau d'un praticien de secteur I.
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