Lors d’une hyperplasie bénigne de prostate (HBP), ce sont surtout les impériosités se manifestant au moment des relations sexuelles qui viennent parasiter le rapport. « Cette gêne augmente avec la sévérité des symptômes », indique le Dr Béatrice Cuzin, urologue-andrologue et sexologue à Lyon. Par ailleurs, un élément psychologique peut aussi entrer en jeu, certains patients attribuant à la prostate un rôle dans la sexualité bien plus important qu'il n'est.
Les traitements de l’HBP peuvent aussi détériorer la fonction sexuelle. Les alpha-bloquants sont bien tolérés et n'affectent pas l'érection, mais peuvent engendrer des troubles de l'éjaculation, en particulier la tamsulosine. « Ces troubles sont perçus de façon très variable par le patient, indique le Dr Bertrand Lukacs (hôpital Tenon, Paris). Ce dernier doit donc être prévenu que le phénomène est réversible, et que l'on peut changer de traitement, pour un autre alpha-bloquant par exemple, si besoin. » Quant aux inhibiteurs de la 5 alpha-réductase, jouant sur le métabolisme de la testostérone, ils ont tendance à entraîner une baisse du désir, et il importe de prévenir le patient. Enfin, la phytothérapie ne présente pas d’effets secondaires sur la sexualité. Béatrice Cuzin n’hésite donc pas à y avoir recours jusqu'à un stade modéré d’HBP.
À l’avenir, un IPDE-5, le tadalafil devrait obtenir une indication dans l’HBP, et ne présentera donc pas d’effets néfastes sur la sexualité, bien au contraire. Mais «?il sera réservé aux patients présentant des troubles érectiles en plus des troubles urinaires?», indique le Dr Lukacs.
L’impact négatif de la chirurgie
La chirurgie présente elle aussi souvent un impact négatif sur la sexualité. La plupart des interventions entraînent des troubles de l'éjaculation, qu'il s'agisse d'une anéjaculation (par destruction des canaux éjaculatoires) ou d'une éjaculation rétrograde. La sexualité de certains patients en est très altérée, alors que d'autres connaissent une jouissance normale et une sexualité perçue comme satisfaisante.
Bien entendu, on s’est interrogé sur l’origine de cette altération de la sexualité entraînée par la chirurgie. « On a longtemps pensé que ces problèmes d'éjaculation étaient imputables au fait que l'on ouvrait le col vésical, mais c'est sans doute partiellement faux », indique le Dr Lukacs. Sur ce point, les progrès de la chirurgie permettent de plus en plus d’améliorer les choses. « Avec les nouvelles techniques opératoires, encore peu répandues, on parvient maintenant à ouvrir le col tout en préservant l'éjaculation. On laisse volontairement du tissu à la base de la prostate, là où arrivent les canaux éjaculatoires. »
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