L'ÉCHÉANCE DE l'entrée en vigueur des nouveaux parcours de soins autour du médecin traitant se rapproche à grands pas (1er juillet, dans deux semaines exactement) mais l'analyse de MG-France reste inchangée. C'est un constat sans concession que dresse le Dr Pierre Costes, président du syndicat de généralistes, convaincu que ce qui va se mettre en place début juillet n'est qu' « un seul aspect de la réforme », à savoir « la revalorisation de la médecine spécialisée » ou plutôt « l'explosion des tarifs des spécialistes libéraux ». Car si de nouveaux tarifs vont entrer en vigueur, de même que le droit au dépassement autorisé (DA) pour les spécialistes de secteur I hors des parcours de soins, le Dr Costes ne voit en revanche aucune « garantie nouvelle » (de délai, de prise en charge) pour les patients ni aucun « moyens nouveaux » pour les médecins concernés au premier chef, les généralistes. « Nous allons prendre acte de la réalité du 1er juillet, explique-t-il. Or, la réalité, ce sont les hausses de tarifs et les dépassements, mais sans dossier médical, sans nouveaux éléments de coordination, sans règles médicalisées, sans références de qualité et sans règles de prise en charge par les complémentaires à cette date. » Et d'affirmer que « même les médecins du secteur II vont augmenter encore leurs tarifs », car « quand les tarifs de base sont en hausse, le secteur II suit ».
Gel des formulaires : le dilemme.
Dans ce contexte, le comité directeur décidera demain des actions à conduire. Lancé par MG-France, le mot d'ordre de gel des formulaires « médecin traitant » reste un moyen possible de contestation, mais à manier avec précaution. Le Dr Costes explique en effet que, dans une situation où les patients sont « pénalisés de toutes parts via les dépassements, le forfait de 1 uro, la hausse des cotisations mutualistes », le syndicat ne prendra pas le risque de charger davantage leur barque. Autrement dit, si le gouvernement confirme que les patients qui n'ont pas choisi de médecin traitant ou ne respectent pas le parcours de soins sont moins bien remboursés, MG-France adaptera ses consignes. « On n'ajoutera pas de pénalisation à la pénalisation. »
Quant aux médecins généralistes, MG-France ne croit pas à leur implication dans la maîtrise des dépenses (prescriptions, ALD...) « dans les conditions actuelles », malgré les « pressions » et les « menaces » de certaines caisses primaires. De là à « organiser » une « grève du zèle » des médecins , il n'y a qu'un pas que le syndicat pourrait franchir « rapidement ». Le syndicat a-t-il l'intention de lancer des consignes tarifaires sauvages ? Le Dr Costes ne confirme pas ( « à chaque jour suffit sa peine ») mais prédit des revendications croissantes du terrain. « J'ai prévenu les pouvoirs publics que ça se terminera par C = CS pour 2007... »
Parfois accusé de mener un combat d'arrière-garde alors que la réforme est votée et la convention signée depuis des mois, le Dr Costes explique, au contraire, que beaucoup de patients et de médecins généralistes « se rendent compte qu'ils n'auront aucun avantage dans ce système ». Néanmoins, MG-France ne ferme pas la porte. « L'équipe gouvernementale connaît les données du problème, déclare le Dr Costes. Est-il possible de faire évoluer les garanties pour les patients ? Est-il possible d'apporter aux généralistes des moyens nouveaux sur la valeur des actes, l'élargissement des forfaits? Nous voulons des réponses. » En attendant, « pas question de relâcher la pression ».
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