JUSQU’À l’année dernière, la vaccination antigrippale des professionnels de santé faisait l’objet de recommandations officielles, mais n’était pas obligatoire. Le Cshpf la recommande depuis 1999 afin de réduire la transmission de l’infection aux personnes fragilisées pour lesquelles existe un risque de complications, voire de décès : les seniors de 65 ans ou plus et les patients atteints de certaines pathologies chroniques, surtout lorsqu’elles sont hospitalisées ou en institution.
Dans le contexte d’une menace de pandémie grippale avec un virus mutant, la question d’une obligation vaccinale a été posée lors des débats parlementaires sur le Plfss 2006. Discussions qui ont abouti à inscrire l’obligation de la vaccination antigrippale dans le code de la santé publique (article L. 3111-4).
Mais en mai dernier, dans un avis sur les conditions de cette immunisation, le Cshpf recommande la prudence : «L’obligation vaccinale, dans l’objectif de protection des professionnels visés contre la grippe, doit être abordée de façon différente en période saisonnière interpandémique et en période de pandémie grippale confirmée.» En clair, il ne faut pas confondre grippe saisonnière et pandémie grippale.
Vaccination altruiste.
En ce qui concerne la période de grippe saisonnière interpandémique, «il n’y a pas de surrisque pour les professionnels de santé», précisent les experts. Or les obligations vaccinales prescrites par l’article L. 3111-4 du code de santé publique visent exclusivement à protéger les professionnels du risque d’être eux-mêmes contaminés et n’ont pas pour objectif de protéger les personnes dont ils prennent soin. Les experts mettent en garde contre les effets délétères d’une telle mesure : «Une obligation vaccinale annuelle risquerait d’altérer l’adhésion des professionnels, elle n’aurait pas d’impact bénéfique sur la couverture vaccinale par rapport à des campagnes de sensibilisation et pourrait même avoir des effets pervers: risque de multiplication de déclaration d’inaptitude au travail pour des personnes présentant une contre-indication au vaccin ou refusant la vaccination; risque de production de faux certificats de vaccination.» En conséquence, la vaccination «altruiste» reste recommandée et doit continuer à faire l’objet de campagnes d’information pour obtenir l’adhésion des professionnels de santé. Ces campagnes ont d’ailleurs permis une augmentation de la couverture vaccinale dans cette population, qui est passée de 15 % en 2002 (enquête Sofres) à 48 % en 2005 (enquête TNS-Sofres).
En revanche, en cas de pandémie grippale, les professionnels de santé seraient particulièrement exposés et leur pronostic vital serait engagé. D’où la recommandation du Cshpf d’une obligation de vaccination contre la grippe pandémique en phase 6 du plan de lutte contre la pandémie confirmée par l’OMS et l’autorité nationale. Et cela dès qu’un vaccin adapté au virus mutant sera disponible.
Les recommandations du Cshpf ont donc été suivies lors de la mise en place du calendrier vaccinal 2006 qui ne rend pas obligatoire la vaccination antigrippale. Le décret du 14 octobre 2006 (publié au« Journal officiel » du 15) met fin à l’obligation telle qu’elle était prévue par l’article L. 3111-4 du code de la santé publique.
Nouvelle campagne.
Pour sa campagne d’information annuelle, l’assurance-maladie a choisi de cibler prioritairement les jeunes seniors (de 65 à 69 ans), qui n’ont été que 53 % à se faire vacciner en 2005, et les personnes souffrant de certaines maladies chroniques, dont seulement 54 % ont reçu le vaccin contre la grippe l’année dernière. Les premiers, encore très actifs, ne se perçoivent pas comme des personnes âgées et ne sont pas considérés comme telles. S’ils ne sont pas opposés par principe au geste vaccinal, ils trouvent souvent des raisons de repousser le moment de passer à l’acte. L’objectif de la nouvelle campagne est de leur donner une image juste de ce qu’est la grippe ainsi que des arguments « sur mesure » pour lutter contre certaines idées reçues, telles que : «Je me sens trop jeune pour me faire vacciner» ou encore, «La grippe n’est qu’un gros rhume».
La seconde catégorie de personnes visées sont celles atteintes de maladies chroniques. Elles sont également actives, ont du mal à juger de leur fragilité et méconnaissent l’impact de la grippe sur leur état de santé. L’objectif de la campagne est de leur expliquer en quoi la vaccination est essentielle pour elles.
Les 70 ans et plus ont acquis de bonnes habitudes de vaccination : le taux de couverture est désormais de 67 %, et il s’agit de le préserver.
Le vaccin était déjà pris en charge à 100 % pour les 65 ans et plus, ainsi que pour les victimes de neuf affections de longue durée. Xavier Bertrand a décidé d’étendre la prise en charge totale à trois autres types de pathologie ou situation : l’asthme, quel qu’en soit le type, et la broncho-pneumopathie chronique obstructive ; les enfants et adolescents (de 6 mois à 18 ans), dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé par l’acide salicylique (aspirine), essentiellement pour syndrome de Kawasaki compliqué et arthrite chronique juvénile ; les personnes séjournant dans un établissement de santé de moyen ou long séjour, quel que soit leur âge.
Radio, presse et Internet seront mobilisés à partir du 23 octobre et jusqu’à la fin du mois de décembre. Des affichettes « seniors » et « maladies chroniques » ainsi qu’un dépliant d’information pour le grand public seront disponibles dans les cabinets médicaux et les officines. Une fiche spécifique pour les personnes souffrant de certaines maladies chroniques sera diffusée grâce à un partenariat avec les associations de patients. Les vaccins sont disponibles en pharmacie depuis le 12 octobre.
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