LES SYNDICATS de médecins libéraux n'ont montré aucun étonnement après l'annonce du déclenchement du comité d'alerte. De l'avis de l'ensemble des organisations, l'Ondam des soins de ville (+ 1,1 %) pour 2007 était beaucoup trop faible et l'écart avec celui de l'hôpital (+ 3,5 %), beaucoup trop grand. A l'heure des comptes, le dépassement estimé à 2 milliards d'euros en 2007 n'a rien de surprenant.
La Csmf estime que les «premières indications laissent apparaître que le dépassement toucherait principalement les produits de santé pour 1,5milliard d'euros, l'hôpital pour 200millions d'euros et pour près de 300millions d'euros pour les honoraires des professionnels de santé». Pour le président du syndicat, le Dr Michel Chassang, le dépassement sur les postes des honoraires en 2007 est compensé par la «cagnotte» de 500 millions d'euros que l'Uncam avait engrangée en 2006. «Les médecins sont quittes», indique-t-il. Dans ses prochaines mesures de redressement, le gouvernement ne doit en aucun cas toucher les honoraires médicaux, prévient le Dr Chassang. «Les engagements signés devront être tenus et respectés.»
Pour le Dr Dinorino Cabrera, du SML, le déclenchement du comité d'alerte entraîne une question importante. «Veut-on poursuivre la maîtrise médicalisée ou revenir à la maîtrise comptable? Ne reproduisons pas les erreurs du passé comme celles du gouvernement Juppé en 1995.Le gouvernement serait bien inspiré de mettre en place différentes sources de financement, comme la TVA sociale, et de simplifier la franchise. Quatre, c'est beaucoup…»
Les syndicats opposés à la convention estiment pour leur part que le déclenchement du comité d'alerte est imputable à la politique conventionnelle menée depuis 2005. «Tant qu'il n'y aura pas de réformes structurelles, nous obtiendrons toujours les mêmes résultats, tonne le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France. Ils signent l'échec de la réforme telle qu'elle a été organisée, avec un parcours de soins qui a permis le contournement du médecin traitant et a ouvert des dépassements d'honoraires aux spécialistes. On ne s'attaque pas aux vrais problèmes. Les besoins de santé et les coûts des nouveaux traitements vont augmenter, arrêtons de prendre des mesurettes!»
Le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF, est lui aussi favorable à un «grand débat» sur le financement de l'assurance-maladie. «Xavier Bertrand s'enorgueillissait de réduire le déficit, ironise-t-il . Aujourd'hui, on propose un collectif budgétaire, de mettre en place une franchise pour les assurés et de revoir certains honoraires. On est dans une recherche étriquée de moyens pour répondre aux besoins de santé du pays. Le débat du financement de l'assurance-maladie n'a pas eu lieu lors de la présidentielle. Le moment est venu d'en parler.»
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