LES OPPOSANTS à la convention médicale n'ont pas versé dans la surenchère après l'échec des négociations entre la Csmf, le SML, Alliance et l'assurance-maladie. Mais cela ne les empêche pas de remettre rudement en cause les syndicats signataires. Sans s'étonner de la tournure des événements, le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF, ne mâche pas ses mots : « Le scénario était cousu de fil blanc. La Csmf et le SML ont mené les médecins dans une impasse et sont dans l'ère de la repentance. Ils veulent éviter une déroute électorale en se remettant dans l'opposition. Les représailles tarifaires de ces pompiers pyromanes me font sourire. » Alors qu'approche la date des élections professionnelles, le président de la FMF ne souhaite pas « entrer dans la surenchère tarifaire, le suivisme imbécile ». « Je veux que les médecins disent aux signataires : vous nous avez conduits dans cette situation, sortez-nous en ! », déclare le Dr Régi. Selon le président de la FMF, les 8 000 résultats de l'enquête réalisée par le syndicat auprès des médecins libéraux témoignent du mécontentement des médecins et de leur « rejet » de la convention.
Gesticulations.
A MG-France, le Dr Pierre Costes souhaite plaider pour la renégociation de la convention. Sans attendre ces élections programmées. « Si même les syndicats signataires ne se retrouvent plus dans la convention, il faut remettre les choses à plat et revenir sur le dispositif du médecin traitant. Si l'assurance-maladie et les syndicats signataires ne le font pas de gré, nous le ferons de force après les élections aux unions », affirme le Dr Costes. MG-France n'a lancé aucun mot d'ordre tarifaire à la suite de l'échec des discussions. « La priorité est de revoir l'usine bureaucratique, analyse le Dr Costes. Les médecins généralistes ne veulent pas pratiquer des dépassements d'honoraires mais pouvoir tranquillement exercer leur métier sans être soumis à un travail administratif inacceptable. » Selon lui, la négociation conventionnelle a fait l'objet de « beaucoup de gesticulations pour rien ». « Les syndicats signataires se sont davantage préoccupés de faire du théâtre pour les élections... »
Le Dr Claude Bronner, président du nouveau syndicat Espace Généraliste, se déclare surpris de la « rigidité du directeur de l'Uncam ». « Un euro sur le C, c'était le minimum que les caisses pouvaient donner. » Espace Généraliste a choisi une stratégie du harcèlement. « Nous devons les noyer sous la paperasse en leur envoyant des feuilles de soins papier à la pelle, des formulaires Pires pour les patients en ALD, des demandes d'expertise. Je ne demanderai pas aux généralistes d'appliquer les majorations prévues dans la convention, mais eux qui font peu de dépassements pour exigence particulière (DE), à l'utiliser davantage quand la situation les y autorise. » Avant cela, le syndicat consultera les médecins par Internet pour connaître les actions de protestation qu'ils plébiscitent. « Nous allons demander aux confrères s'ils sont partisans de l'application de la hausse de 1 euro de la consultation tout de suite, s'ils sont prêts à appliquer des DE ou s'ils acceptent l'idée d'une action commune avec un autre syndicat », précise le président d'Espace Généraliste, qui revendique 532 adhérents.
La Coordination nationale des médecins généralistes (Conat) a invité les praticiens à boycotter la carte Sesame-Vitale 1-40. Dénonçant un parcours de soins « ubuesque », « une nomenclature impossible à appliquer », la Conat envisage d'appeler les médecins à appliquer la majoration de 3 euros pour les consultations d'enfants (MGE) âgés de 2 à 6 ans et la majoration de coordination (MCG) de 2 euros pour chaque courrier destiné aux spécialistes.
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