Tout frais, le calendrier vaccinal 2012 vient d’être publié au Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (www.invs.fr). Le document tant attendu ne devrait pas venir révolutionner les pratiques médicales : il ne renferme aucune grande nouveauté. Toutefois, quelques points d’évolution sont à noter.
Un vaccin nasal contre la grippe ?
Tout d’abord, un nouveau vaccin contre la grippe saisonnière, dénommé Fluenz®, est intégré au calendrier vaccinal. Il a pour originalité de s’administrer par voie nasale et évite ainsi une injection de plus. Il est recommandé uniquement chez les enfants de 2 à 17 ans présentant des facteurs de risque les rendant éligibles à la vaccination grippale (mucoviscidose, etc.). C’est un vaccin vivant atténué comportant les mêmes souches que les vaccins inactivés. Il agit sur l’immunité locale au niveau de la muqueuse respiratoire. «? Il a pour avantage d’être, chez l’enfant, nettement plus efficace
que le vaccin inactivé?», indique Daniel Floret (président du Comité Technique des Vaccinations). Selon les experts, il serait en revanche moins efficace chez l’adulte, car ce dernier a souvent déjà été en contact avec les virus grippaux des précédentes saisons. Son système immunitaire neutraliserait alors rapidement le virus vaccinal.
Le hic, c’est que Fluenz® n’est pas encore commercialisé en France. Il a obtenu son AMM, mais les négociations concernant sa mise sur le marché et son prix semblent poser problème. « Il serait dommage, déclare Daniel Floret, que ce vaccin ne soit pas disponible en France car il est plus efficace, plus facile à administrer comporte peu d’effets secondaires. Ce serait une bonne arme pour améliorer la couverture vaccinale de ces enfants à risque, actuellement très
médiocre. »
Grippe, grossesse et obésité
Autre nouveauté : la vaccination grippale saisonnière est désormais recommandée chez les femmes enceintes, quel que soit le stade de la grossesse, et les personnes souffrant d’obésité morbide (IMC ≥ 40 kg/m2). « Nous avons rendu pérennes des recommandations faites auparavant vis-à-vis du virus H1N1 pandémique, avance Daniel Floret, car nous avons accumulé suffisamment de données montrant que cette vaccination était efficace et bien tolérée chez la femme enceinte, quel que soit le stade de la grossesse, et (avec moins de données toutefois) chez les personnes obèses. » La vaccination protège ces sujets des complications de la grippe (respiratoires et cardiaques) et, chez la femme enceinte, elle protège aussi les nourrissons pendant les six premiers mois de vie (alors que la grippe entraîne un risque élevé d’hospitalisation et une mortalité non négligeable chez le nourrisson). Côté logistique, il sera toutefois difficile de cibler la population des personnes obèses et des femmes enceintes afin de leur
envoyer un bon de vaccination. « L’Assurance-maladie étant consciente du problème, les médecins devraient être habilités à leur délivrer des bons de vaccination », confie Daniel Floret.
Pneumocoque, des recos à revoir
Pour la vaccination anti-pneumococcique chez l’adulte, les recommandations sont en cours de révision. Il apparaît actuellement que les recommandations anciennes de revaccination tous les cinq ans des personnes à risque d’infections invasives à pneumocoques âgées de plus de 5 ans par le vaccin polyosidique 23 valent méritent d’être reconsidérées. Par ailleurs, la vaccination antipneumococcique devrait prochainement évoluer, étant donné que le Prevenar® 13 a obtenu une AMM chez l’adulte de plus de 50 ans. « Ce qui va nécessiter de déterminer la place respective du vaccin conjugué et du vaccin pneumococcique non conjugué 23 valent », évoque Daniel Floret.
Mayotte, un nouveau département
Mayotte étant un nouveau département français, des recommandations particulières à sa situation épidémiologique ont donc été intégrées au calendrier vaccinal 2012. Les vaccinations par le BCG et contre l’hépatite B sont recommandées pour tous les enfants et ce dès la naissance, à la maternité, étant donné que plus de 95 % des femmes accouchent dans une structure mais que peu de nourrissons sont ensuite suivis par un médecin.
Des recos pour les immunodéprimés
Par ailleurs, des recommandations vaccinales spécifiques aux personnes immunodéprimées ou aspléniques ont été ajoutées. « Elles ne sont qu’un travail préliminaire et un document plus précis et complet sera prochainement publié », annonce Daniel Floret. Enfin, pour aider le médecin à s’y retrouver parmi les vaccins disponibles sur le marché, un tableau récapitulant toutes les spécialités et leur nom a été ajouté.
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