PUISQUE les probiotiques utilisés par voie entérale pourraient limiter la pullulation microbienne intestinale, restaurer les fonctions barrières gastro-intestinales et agir sur le système immunitaire, pourquoi ne pas tester leur effet chez les patients souffrant de pancréatite aiguë ? Une belle idée théorique qui, hélas dans les faits, s'est soldée par une absence d'effet sur le risque d'infection et, pire encore, par une majoration du risque de décès.
Pourtant des études préliminaires avaient déjà suggéré l'intérêt de ce type d'approche chez des sujets opérés de l'intestin et chez quelques patients souffrant de pancréatite aiguë. Mais il fallait mettre en place une étude à plus large échelle avant d'intégrer la prise en charge par les probiotiques dans les recommandations thérapeutiques. Les investigateurs de l'étude PROPATRIA(Probiotics in Pancreatitis Trial) n'ont inclus dans leur étude que des patients souffrant de forme grave de pancréatite aiguë (score Apache II > 8, score Imrie > 3 ou CRP > 150 mg/l). Dans les 72 heures suivant l'apparition des symptômes, les 298 patients ont reçu soit du placebo, soit une préparation de probiotiques : Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus casei, Lactobacillus salivarius, Lactococcus lactis, Bifidobacterium bifidum et Bifidobacterium lactis (dose totale 10 10). Au total, l'étude a porté sur 152 patients dans le groupe probiotiques et 144 dans le groupe placebo.
Neuf cas d'ischémie intestinale.
A 90 jours, l'incidence des complications infectieuses était identique dans les deux groupes (30 % dans le groupe probiotiques contre 28 % dans le groupe témoin). Mais le résultat le plus inattendu a été celui de la mortalité. Dans le groupe probiotiques, 24 patients sont décédés contre 9 dans le groupe placebo. Cette différence significative s'explique par l'existence de 9 cas d'ischémie intestinale chez les patients traités par probiotiques contre aucun dans le groupe témoin.
Pour les investigateurs, «il est possible que l'effet négatif des probiotiques se soit exercé chez les sujets souffrant de défaillance organique. Néanmoins, le lien entre la nécrose intestinale et la supplémentation en probiotique doit être encore analysé afin de mieux comprendre s'il est en rapport avec la composition du mélange des probiotiques utilisés ou avec d'autres facteurs. Dans l'état actuel des choses, il est essentiel de ne plus mettre en place d'études humaines avant d'avoir obtenu des éclaircissements sur les mécanismes physiopathologiques qui avaient été activés chez les patients de l'étude. Plus important encore, les probiotiques ne doivent plus être considérés comme des substances sans effets indésirables que l'on peut mélanger aux aliments donnés par voie entérale chez les patients hospitalisés en soins intensifs ou chez ceux qui présentent un risque élevé d'ischémie mésentérique non occlusive».
« The Lancet » publié en ligne le 14 février 2008.
Mais bon pour les sportifs
Une étude menée en Australie chez des athlètes de haut niveau s'alignant sur des distances allant du 800 m au marathon tend à prouver que l'utilisation de Lactobacillus fermentum pourrait permettre d'améliorer les performances sportives. Non pas par un effet direct des bactéries, mais par leur tendance à limiter l'incidence des pathologies ORL qui, lorsqu'elles surviennent en période d'entraînement hivernal, empêchent d'effectuer les exercices physiques à leur niveau optimal.
En moyenne, les athlètes qui consommaient des probiotiques ont présenté des signes de rhinopharyngite ou de bronchite pendant 30 jours au cours des 5 mois de la période d'entraînement hivernal, contre 72 jours dans le groupe témoin. Le degré de sévérité des atteintes était aussi moins important chez les sujets du groupe Lactobacillus et leur taux sanguin d'interféron gamma était doublé par rapport aux témoins.
Australian Institute of Sports, Canberra.
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