EN ETUDIANT les fluctuations nycthémérales de la sécrétion de différentes hormones impliquées dans la régulation de l'appétit, une équipe américaine vient de mettre au jour un nouveau phénomène : un pic de sécrétion nocturne de ghréline a été découvert chez des sujets minces et il est totalement absent chez les obèses.
La signification biologique de ce phénomène reste à élucider, mais cette découverte pourrait conduire vers une nouvelle piste dans le traitement de l'obésité.
La ghréline est une hormone circulante orexigène impliquée dans la régulation de la sécrétion des hormones de croissance et dans l'homéostasie énergétique. Sa concentration plasmatique s'élève avant les repas puis redescend rapidement. Ces fluctuations du niveau de ghréline serait principalement influencées par des modifications de la balance énergétique de l'organisme.
Baisse de la ghréline en fin de repas.
Certaines données indiquent que l'insuline participe à l'abaissement de la concentration plasmatique de ghréline à la fin d'un repas. Des études menées chez l'animal ont par ailleurs suggéré que l'effet de satiété induit par la leptine pourrait participer à la suppression postprandiale de la sécrétion de ghréline. Chez l'homme, l'obésité est d'ailleurs caractérisée par une augmentation de la sécrétion de leptine associée à une diminution de la concentration plasmatique en ghréline.
Afin d'en apprendre plus sur les relations entre les différentes hormones impliquées dans la régulation de l'appétit, Yildiz et coll. (université de Californie, Los Angeles) ont caractérisé la dynamique d'expression de la ghréline, de la leptine et de l'adiponectine chez des sujets minces et chez des obèses.
Les chercheurs ont recruté dix jeunes hommes d'origine ethnique identique (des Américains d'origine mexicaine) : cinq minces et cinq obèses (indice de masse corporel > 30). Un échantillon de sang leur a été prélevé toutes les sept minutes pendant 24 heures. L'analyse des 2 070 prélèvements ainsi recueillis a permis à Yildiz et coll. de construire des courbes très précises sur lesquelles apparaissent les fluctuations nycthémérales des sécrétions de ghréline, de leptine et d'adiponectine.
Les chercheurs ont pu observer que la dynamique de sécrétion de la leptine et de l'adiponectine n'était pas modifiée par l'obésité. Plus précisément, si les niveaux de sécrétion de ces deux hormones sont modifiés chez les obèses (celui d'adiponectine est abaissé et celui de leptine est au contraire augmenté), les formes des courbes représentant leur niveau de sécrétion en fonction de l'heure sont très similaires.
Un niveau plus élevé qu'avant les repas.
Mais le résultat le plus intéressant de tous ceux obtenus par Yildiz et coll. concerne la dynamique de sécrétion de la ghréline. Chez les sujets minces, en plus des pics de sécrétion préprandiales déjà décrits (petit déjeuner, déjeuner, dîner), les chercheurs ont observé un pic nocturne. Durant la nuit, la concentration plasmatique de ghréline augmente pour atteindre un niveau encore plus élevé que celui mesuré avant les repas. Or ce pic nocturne n'existe pas chez les cinq sujets obèses étudiés. Chez eux, la concentration plasmatique de ghréline augmente lentement durant toute la nuit pour atteindre son maximum au moment du petit déjeuner.
Cette absence de sécrétion nocturne de ghréline est-elle une cause ou une conséquence de l'obésité ? Les données publiées aujourd'hui par Yildiz et coll. ne permettent pas de répondre à cette question, mais les chercheurs poursuivent leur travaux afin de pouvoir y apporter une réponse très prochainement. Ils envisagent en outre de recommencer l'expérience qu'ils viennent de mener en analysant le plasma de personnes de sexe, d'âge et d'origine ethnique variables.
B.O. Yildiz et coll., « Proc. Natl. Acad. Sci. U S A », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur www.pnas.org.
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