DANIEL MOINARD, ancien DG du CHU de Toulouse, va assurer l'intérim de la direction du CHU de Nantes pour trois mois. On sait que l'établissement connaît de graves difficultés, puisqu'il affiche pour 2007 un déficit de 31,5 millions et que son directeur, Pierre Gustin, a dû démissionner (voir « le Quotidien » du 30 avril).
Daniel Moinard se veut cependant rassurant. Notamment pour ce qui est de l'emploi. «Ce que nous allons faire, c'est gérer en bon père de famille», a-t-il annoncé. Première conséquence : la planification des projets de développement du CHU va être revue.
«Non, il n'y aura pas de plan social!, a-t-il poursuivi. Je le dis de la manière la plus solennelle. Nous allons maintenir l'effectif, y compris celui des contractuels. Nous partons du principe que nous allons augmenter l'activité. Pour que cela soit possible, il nous faut donc conserver le même niveau d'effectif.» Et cela, malgré l'augmentation du personnel en 2007, responsable de la dégradation de la situation financière, puisqu'elle s'est doublée d'une baisse de l'activité. «En 2007, le personnel a atteint 70% du budget, ce qui est très important», souligne Daniel Moinard.
Le conseil d'administration du 28 avril a voté un budget 2008 qui se base sur un gel du déficit. «Donc sur un gel de l'effectif», justifie le nouveau directeur.
À la question de savoir si le personnel sera en mesure de répondre à une augmentation de l'activité, ce qui signifie, pour Daniel Moinard, «mieux organiser les structures pour être plus attractif, augmenter les plages horaires des consultations externes (…) », alors que les syndicats se plaignent d'une pénibilité croissante, le nouveau patron répond qu'il va demander un audit sur la gestion du personnel… «Le niveau de personnel doit être suffisant puisqu'un recrutement important a été effectué pour une activité qui n'a pas été au rendez-vous», souligne-t-il.
«Quatre-vingt-cinq pour cent de la chirurgie réalisée localement est le fait du secteur privé, précise Daniel Moinard. Ce qui montre bien qu'il existe une marge. L'arrivée de la tarification à l'activité a été un choc culturel pour l'hospitalisation publique.Il est essentiel que le CHU tienne compte des activités de référence, mais aussi de l'activité de proximité. Pour cela, il va falloir améliorer l'organisation du plateau technique; des marges de productivité sont à réaliser. Nous devons également favoriser les relations avec les médecins traitants…»
Autre priorité : le financement des missions d'intérêt général. Daniel Moinard affirme être déjà en négociation sur ce point avec l'agence régionale de l'hospitalisation pour augmenter leur financement de manière « significative ».
Priorités.
«L'objectif est de faire entrer davantage de recettes dans les caisses du CHU», dit clairement Daniel Moinard. Pour lui, il en va de l'avenir de l'établissement. «Le CHU de Nantes a une capacité d'autofinancement aujourd'hui négative. Il n'est donc plus en capacité de développer ses propres investissements. Pourtant, les CHU ont un besoin d'adaptation permanent. Il doit retrouver sa capacité financière, sans laquelle il ne pourra émarger au plan Hôpital 2012.» L'établissement qui avait prévu un milliard d'euros d'investissements va donc devoir, selon l'actuel directeur général, «faire ressortir ses priorités essentielles». «Nous n'avons pas un milliard de priorités», souligne le nouveau directeur.
A priori, il n'est pas question de remettre en cause le projet de l'île de Nantes imaginé pour redessiner l'offre hospitalière en tenant compte de l'éclatement des sites (huit aujourd'hui) et des déplacements urbains sur une agglomération en forte croissance depuis ces dernières années.
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