ALIMENT SANTE
L 'OBSERVATOIRE de l'alimentation infantile (OAI), créé à l'initiative du Syndicat français des aliments de l'enfance, rassemble des experts qui ont pour mission d'analyser les tendances de la consommation alimentaire des bébés, d'anticiper l'émergence des problèmes et de communiquer par des messages simples aux professionnels de santé et aux parents.
Une étude de la SOFRES a été menée à l'initiative de l'OAI, en mars 2001, auprès de 300 mères d'enfants âgés de 4 mois à 2 ans. Elle montre que le lait deuxième âge, abandonné à 6,5 mois en moyenne en 1989, l'est aujourd'hui à 10,5 mois, trop tôt cependant, estiment les experts qui, rappelant que le lait - maternel ou deuxième âge - doit rester l'aliment principal jusqu'à un an, mettent en garde contre l'introduction trop précoce du lait de vache.
Des risques de carence martiale
Le lait de vache est trop riche en protéines (30 % de plus que le lait deuxième âge), ce qui favorise troubles digestifs et risque de surpoids à l'âge de 2 ans. Il est pauvre en acides gras essentiels (développement cérébral, maturation neuro-sensorielle impliquée dans les apprentissages). Il expose à une carence martiale (biodisponibilité du fer de 5 %, contre 50 % pour le lait maternel), qui peut être à l'origine d'anémie, d'infections récidivantes, avec peut-être un impact néfaste sur le développement psychomoteur. Des études (Amérique du Sud, Etats-Unis, Angleterre) mettent en évidence une corrélation entre QI à 2-3 ans et carence martiale prolongée entre 6 et 12 mois, ainsi qu'une altération de la psychomotricité fine avec difficulté d'apprentissage à 4-6 ans lorsqu'il y a eu carence en fer dans les 18 premiers mois de la vie.
Une enquête (1997) montre que 40 % seulement des bébés de 9 à 12 mois ont des apports suffisants en fer et 20 % des réserves suffisantes. Environ 30 % des nourrissons explorés pour des infections ORL broncho-pulmonaires récidivantes ont une carence martiale. Selon une enquête de la PMI des Yvelines, en 1993, 10 % des nourrissons français de 10 mois ont une anémie par carence en fer (risque majoré chez les enfants de migrants).
Au-delà de l'âge de 3 mois, le fer est fourni par l'alimentation. Il faut un apport quotidien de 5 mg pour éviter anémie, de 7 mg pour prévenir le développement d'une carence, de 10 mg pour assurer des réserves optimales.
Comment prévenir : apport de 15 mg par jour chez la femme enceinte, promotion de l'allaitement maternel. En son absence : 500 ml d'aliments lactés diététiques enrichis en fer (de 5 à 14 mg/l selon les directives européennes) jusqu'à au moins un an (idéalement 3 ans). Il faut proscrire le lait de vache avant un an et diversifier avec des aliments riches en fer.
L'OAI a conçu une campagne d'information dans la presse sur ce sujet ainsi qu'un livret disponible dans 1 000 cabinets de pédiatrie, 5 500 cabinets de généralistes et 3 500 PMI.
Conférence de presse organisée par le Syndicat français des aliments de l'enfance, avec le Pr B. Chevallier (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt), le Dr J. Langue (Lyon) et Laurent Jubert (président du syndicat).
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