C'est la très grande majorité de la communauté médicale hospitalière de Martinique, répartie sur trois sites (Chu de Fort de France, CH de Trinité et CH du Lamentin), qui a suivi l’appel à la grève lancé par le Syndicat des médecins hospitaliers (SMH), le 15 février dernier, durant toute la matinée. Raison du mouvement social : les mauvaises conditions de travail des médecins, au moment où les trois hôpitaux publics doivent fusionner, au sein d’une communauté hospitalière de territoire (CHT). Ce fut aussi l’occasion, pour les praticiens hospitaliers, de se réunir lors d’une assemblée générale (AG) le 15 février, et de faire part de leurs doléances auprès de l’agence régionale de santé (ARS), représentée en l’occurrence par le Dr Christian Lassale, conseiller médical à l’ARS. Ils ont également pu rencontrer fin février Serge Letchimy, député de la Martinique et président du conseil régional, lequel a interpellé le ministre de la Santé, sur l’état sanitaire jugé déplorable des hôpitaux martiniquais. Comme pour marquer les esprits, les présidents des commissions médicales d’établissement (CME) des trois hôpitaux publics : Dr Patrick René-Corail (CHU de Fort-de-France), Dr Béatrice Rigou (CH Trinité), et Dr Marie-Laurence Jean Baptiste (CH Lamentin) ont décidé de démissionner de leurs postes lors de l’AG. La totalité des chefs de pôle des trois hôpitaux les ont également imités, et les deux candidats à la présidence de la CME, dont l’élection doit se dérouler en mars prochain, ont retiré leurs candidatures. « Ce mouvement est historique », s’exclame le Dr Olivier Duffas, (Chu de Fort-de-France, et membre du SMH). « Alors que les trois structures doivent fusionner en un seul CHU, nous sommes au quotidien confrontés à des défaillances que nous ne pouvons plus couvrir. Il n’y a aucune maintenance pour nos appareils, lorsque nous avons la chance d’en avoir. Au bloc opératoire, les conditions d’hygiène ne sont pas assurées. Grâce à notre mouvement, néanmoins, la néonatalogie devrait obtenir quelques moyens », explique-t-il. À l’origine de ces mauvaises conditions de travail, le déficit abyssal des hôpitaux martiniquais. En 2010, le déficit du CHU de Fort-de-France atteignait 34 millions d’euros, et celui de Trinité 16 millions d'euros. « Il faut savoir qu’il y a un fort taux de chômage en Martinique, donc les hôpitaux embauchent, quitte à accumuler les déficits. Mais ces dépenses se font au détriment des soins », déplore le Dr Duffas. « La responsabilité propre des médecins est d’assurer une prise en charge des patients digne de la France en 2012. Si ces conditions ne sont pas assurées, c’est de notre devoir d’alerter les décideurs que ça ne peut plus durer, que les médecins n’accepteront plus de collaborer à une politique de dégradation des soins les plus élémentaires. L’absence de prise en compte de cette alerte majeure conduira les médecins de Martinique à continuer leur action, voire à exercer leur droit de retrait s’ils considèrent que rien n’est fait pour améliorer la qualité et la sécurité des soins », a notamment déclaré l’intersyndicale Avenir hospitalier dans un communiqué. Le ministre de la Santé Xavier Bertrand, pour répondre à cette crise, a rehaussé le coefficient géographique, de 25 à 26 %…
Martinique
« Pas de fusion sans transfusion »
Publié le 26/03/2012
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À quelques semaines de la fusion des trois centres hospitaliers de la Martinique, la majorité de la communauté médicale de l’Île aux fleurs s’est mise en grève, mi-février. Les médecins protestent contre leurs conditions de travail, jugées insalubres.
Jean-Bernard Gervais
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Source : Décision Santé: 283
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