Après l'explosion, le 26 avril 1986, du réacteur numéro 4 de la centrale ukrainienne et la survenue du nuage radioactif, plusieurs médecins franc-comtois ont constaté parmi leur clientèle pédiatrique un nombre croissant de pathologies thyroïdiennes. La section généraliste de l'union régionale des médecins libéraux (URML) de Franche-Comté a donc décidé, dans le cadre de ses missions légales, d'initier une enquête épidémiologique descriptive sur les conséquences sanitaires de l'accident de Tchernobyl, afin de mettre en place une éventuelle stratégie de prévention.
L'objectif de cette étude était d'estimer les incidences annuelles des cancers de la thyroïde, des hypothyroïdies ainsi que des diabètes insulinodépendants, chez les moins de 15 ans dans l'ensemble de la région, pour la période 1980-1998.
Un comité de pilotage, présidé par le Dr Martial Olivier-Koehret et composé de médecins généralistes, de médecins spécialistes libéraux et d'épidémiologistes de la faculté de Besançon (le Pr Jean-François Viel et le Dr Patrick Arveu), a été mis en place. Le Dr Frédéric Mauny a coordonné l'ensemble de l'étude qui s'est étalée sur trois ans et a été réalisée grâce à la collaboration du CHU de Besançon, du Registre des tumeurs du Doubs, de l'Association des diabétologues et endocrinologues libéraux de Bourgogne-Franche-Comté.
Or, les conclusions de l'enquête qui sont aujourd'hui disponibles ne mettent pas en évidence « de variation significative du cancer de la thyroïde de l'enfant, ni dans le temps, ni dans l'espace », indique l'URML. En revanche, les enquêteurs concluent à une augmentation significative du diabète insulinodépendant (DID) de l'enfant avec le temps, résultat compatible avec les tendances européennes.
Des études convergentes
Plusieurs études réalisées en France sont convergentes. Un premier rapport initié par l'InVS (Institut de veille sanitaire) et l'IPSN (Institut de protection et de sûreté nucléaire) concluait, en janvier dernier, que l'accident de Tchernobyl en France ne pouvait pas être à l'origine d'un excès de cancers de la thyroïde sur la période antérieure à 1991, comme sur la période postérieure. Une étude menée en Champagne-Ardenne aboutissait au même résultat (le « Quotidien » du 24 janvier).
Aucun élément ne permet donc aujourd'hui de prouver un quelconque « effet Tchernobyl » en France. Toutefois, l'InVS poursuit ses investigations puisque de nouveaux résultats épidémiologiques sont attendus pour fin 2001-début 2002 (« le Quotidien » du 3 mai). De son côté, le Parlement européen a demandé cette année à la Commission européenne de réaliser une étude épidémiologique sur l'impact de la catastrophe de Tchernobyl dans l'ensemble de l'Europe. Pour l'heure, les experts ne s'expliquent pas encore nettement la raison de l'augmentation de la fréquence des cancers de la thyroïde dans la popualtion générale constatée en France depuis vingt ans.
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