JAZZ/ROCK
CONSIDÉRÉ comme l’un des trois guitaristes majeurs du jazz actuel, John Scofield, 57 ans, ne cesse d’étonner. Jazzman caméléon révélé à l’aube des années 1980 par Miles Davis, après un CD aux tendances funky sorti en 2007 (« This Meets That », Emarcy/Universal), il vient de s’attaquer au répertoire des gospels d’antan dans son dernier album, « Piety Street » (Emarcy/Universal). Au programme, des traditionnels, des compositions personnelles, de Hank Williams, du Rev. James Cleveland et de Dorothy Love Coates. Le tout repris avec une réelle ferveur et un vrai désir d’authenticité par un leader passionné, entouré notamment de musiciens natifs de la Nouvelle-Orléans. Un retour inattendu aux fondamentaux…
L’histoire du jazz moderne est riche en trios saxophones/contrebasse/batterie de grande qualité. Fly, composé de trois pointures du jazz actuel dans leur quarantaine - Mark Turner (saxophones ténor et soprano), Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie), deux ex-membres de la rythmique du trio du pianiste Brad Mehldau - est l’un des derniers en date (1). Pour sceller leur union, ils ont enregistré leur premier disque, « Sky & Country » (ECM/Universal), qui est un travail collectif, à la fois pour les neuf compositions et surtout pour la musique. Pour réussir dans cette entreprise toujours périlleuse du groupe sans piano, il faut un partenariat, une homogénéité, une complicité, une interaction voire une égalité entre les instruments. Fly y est parvenu avec maîtrise.
Contrebassiste et bassiste électrique israélien découvert au sein du groupe « Origin » du pianiste Chick Corea, Avishaï Cohen effectue depuis quelque temps un retour aux sources des musiques juives. Devenu aussi chanteur (en anglais, ladino et hébreux), il vient de graver « Aurora » (Opendisc/Blue Note/EMI), un CD qui puise, à travers plusieurs titres originaux, dans les racines de sa culture multiple. Le crossover dans toute l’acception du terme.
Les frères Marsalis.
Deux frères, deux démarches musicales différentes. D’un côté, l’aîné de la fratrie, Branford, 48 ans, saxophoniste de son état, dont tout le travail repose sur l’aspect créatif et exploratoire de la musique ; de l’autre, Wynton, 47 ans, trompettiste et également directeur du Lincoln Center Jazz Orchestra, qui se veut un gardien de la flamme du jazz d’antan. Deux approches qui se reflètent parfaitement dans leurs derniers enregistrements. Avec « Metamorphosen » (Marsalis Music/Universal), Branford et ses très solides coéquipiers- Joey Calderazzo (piano), Eric Revis (contrebasse) et Jeff « Tain » Watts (batterie) - balancent à fond dans cette aventure de la modernité, de l’exploration et de la riche invention contemporaine (2). À l’inverse, le précieux Wynton, à la sonorité impeccable, pour « He & She » (Blue Note/EMI), a préféré s’inspirer et s’imprégner - pour raconter, en récitant un texte, les relations complexes entre homme et femme - de ses racines de la Nouvelle-Orléans, du blues et de travaux réalisés auparavant par des jazzmen renommés, voire afro-cubains, qui restent ses principales sources et références. La création face à la tradition.
(1) Paris, Sunside, du 22 au 24 mai.
(2) Paris, New Morning, le14 mai.
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