Anciens ministres, députés, experts des questions sanitaires et sociales... seize socialistes viennent de verser une « contribution thématique » au congrès qui réunira les militants du PS à Dijon du 28 avril au 6 mai.
Le Dr Claude Pigement, délégué national du PS à la santé, Claude Evin, Marisol Touraine, Paulette Guinchard-Kunstler, Jean-Marie Le Guen, Catherine Genisson, Gérard Bapt... signent ce document de sept pages qui sera soumis le 15 mars à l'approbation d'un conseil national de synthèse, puis en mai, s'il devait être retenu, au vote des militants.
Souhaitant faire de la santé « une priorité pour les socialistes », les promoteurs de ce projet profitent de la tribune que leur offre leur contribution pour taper fort sur la politique sanitaire du gouvernement.
Haro sur la « privatisation rampante » de la Sécu
La majorité est accusée, tout d'abord, de vouloir mettre en uvre, sous des formes « particulièrement sophistiquées », une « privatisation rampante » de l'assurance-maladie. Les rédacteurs ne tergiversent pas : « Face aux déficits abyssaux de l'assurance-maladie, le choix de la droite pour équilibrer les comptes est de pénaliser financièrement directement ou indirectement les assurés sociaux ». A l'appui de leurs dires, ils se fondent sur plusieurs « indices ». A commencer par celui des dispositions sur le médicament de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2003, qui ouvrent « la voie à un moindre remboursement des malades ». L' « attention » portée par le ministre de la Santé aux demandes des syndicats de médecins libéraux de création de nouveaux espaces de liberté tarifaire met également la puce à l'oreille des socialistes.
Au total, les auteurs de la contribution redoutent un « désengagement de l'assurance-maladie de base » et soupçonnent la droite de vouloir opérer, « plutôt qu'une véritable privatisation politiquement et socialement dangereuse, le basculement d'une partie de la couverture maladie obligatoire sur les assurances complémentaires dans une approche libérale ». Ils assènent : « Il ne s'agit plus de maîtriser les dépenses de santé, mais uniquement celles de l'assurance-maladie. »
Attachés à la « lutte contre les inégalités sanitaires », que celles-ci soient d'ordre social ou géographique, le PS doit bien sûr, d'après la contribution, procéder tout à fait autrement. Les propositions des seize experts du PS sont dans la droite ligne de ce qui avait été amorcé par le gouvernement Jospin et, quoi qu'ils en aient, poursuivi pour une part par l'équipe de Jean-Pierre Raffarin.
Il s'agit de promouvoir avant tout, expliquent les rédacteurs, « une maîtrise médicalisée des dépenses de santé » passant par la lutte contre les gaspillages, l'attachement au bon usage des soins et au concept d'utilité médicale, par une « meilleure formation initiale et continue » des professionnels de santé... A la Sécurité sociale, le paritarisme doit être « défendu » et « rénové », avec une attention particulière à la place faite à la mutualité et aux usagers. Les champs d'intervention de l'Etat et des partenaires sociaux doivent être « mieux cernés ». Quant aux professions de santé, elles doivent travailler davantage en réseaux et trouver la « véritable reconnaissance » de leurs droits et de leurs devoirs, y compris en termes de rémunération, à travers « un accord-cadre interprofessionnel et des conventions profession par profession ».
Victime d'une double crise ( « d'identité » et « de moyens »), l'hôpital doit vaincre son malaise et définir une bonne fois pour toutes sa place dans le paysage sanitaire. Toujours d'actualité, la mise en uvre des 35 heures doit permettre de « mieux aménager l'organisation du travail » à l'hôpital. Afin que les bras ne fassent pas défaut à l'institution, il faut « mieux flécher géographiquement les postes vers les régions sous-dotées et par spécialités vers les secteurs sous médicalisés par des incitations fiscales et sociales et des primes de pénibilité et d'intéressement ».
Combattant enfin la « balkanisation de l'offre de soins » (l'hôpital dépend de l'ARH - Agence régionale de l'hospitalisation -, les soins de ville de l'assurance-maladie à Paris, l'action sociale du département...), la contribution prône une nouvelle fois la création des agences régionales de santé (ARS).
L'ancien ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner devrait lui aussi rédiger une contribution « personnelle » au congrès de Dijon. Ce travail ne devrait pas se cantonner aux questions de santé. Son auteur a en effet d'ores et déjà annoncé qu'il entendait l'axer sur la « solidarité » et le « partage » et se pencher notamment sur l'Europe.
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