LES INFECTIONS nosocomiales touchent cinq millions de personnes en Europe – avec 50 000 décès annuels – et deux millions aux Etats-Unis. «En France, entre 600000 et 800000cas sont recenséschaque année», a rappelé le Pr Vincent Jarlier (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) lors du premier forum mondial sur le sujet, organisé par bioMérieux à la fondation Mérieux.
Comment prévenir cette cause importante de morbidité et de mortalité, et donc d'une augmentation des dépenses de santé ? La résistance bactérienne aux antibiotiques n'est pas une fatalité. Entre 1991 et 1999, le pourcentage de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (Sarm) est resté stable à 33 %. Grâce à une campagne de prévention, basée sur la friction hydroalcoolique systématique des mains dans les hôpitaux de l'AP-HP de Paris en 2001-2002, le pourcentage a baissé : de 39 % en 1993, il est passé à 22 % en 2006, soit une diminution de 45 % en quatorze ans. La pression de sélection des antibiotiques est de 10 à 20 fois plus élevée à l'hôpital qu'en ville. Et, en France, 15 % des antibiotiques sont consommés dans les hôpitaux. «Bien que les Sarm soient classiquement reconnuscomme les principaux germes responsables des infections nosocomiales à l'hôpital, des Sarm communautaires “vrais” qui produisent la toxine PVL (leucocidine de Panton-Valentine) apparaissent chez de jeunes patients, sans contact significatif», a expliqué le Pr Jérôme Etienne (Inserm 851, Lyon). Le risque est plus élevé pour les athlètes, les toxicomanes, les enfants en crèche, etc. Un phénomène préoccupant car il ne semble pas transitoire. Enfin, le risque d'infection à Clostridiumdifficile et sa sévérité ont augmenté depuis dix ans.
Un réseau européen.
«EnFrance, les médecins généralistes ont largement contribué à faire baisser la consommation des antibiotiques», a souligné le Pr Herman Goossens (Belgique). Afin d'évaluer la surveillance des antibiotiques, l'OMS a défini un certain nombre de paramètres, comme les doses définies journalières (DDJ) ou les doses prescrites journalières (DPJ), exprimés par nombre de lits occupés par jour. Cependant, il n'est pas facile de comparer ces variables d'un pays à l'autre, du fait de l'existence de différences méthodologiques dans la définition des lits. D'où la nécessité d'une méthode de surveillance standardisée. Un réseau de surveillance de la consommation des antibiotiques et de la résistance bactérienne a été mis en place à l'échelle européenne. Ce réseau, Mosar, est destiné à contrôler l'émergence et la diffusion des bactéries résistantes à l'hôpital.
Lutter contre les infections nosocomiales, multifactorielles, passe par l'amélioration des connaissances de cette pathologie, la mise au point de techniques de dépistage des porteurs et d'identification des bactéries, ainsi que par le renforcement de l'éducation des professionnels de santé et du grand public (mesures d'hygiène, baisse de la consommation des antibiotiques) et la volonté des autorités sanitaires de mettre en place des moyens et des structures.
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