La FONDATION pour la recherche en psychiatrie et en santé mentale a ouvert son cycle de conférences avec un sujet qui concerne à la fois la psychanalyse et les neurosciences : « Cerveau, conscience et inconscient ». Ces entretiens, qui se sont tenus à l'hôpital Sainte-Anne (Paris), étaient ouverts au public. Bien que le sujet soit ardu, ils ont connu un tel succès qu'il a fallu rassembler les auditeurs dans un amphithéâtre plus vaste que celui qui était prévu.
Peut-il y avoir un point de rencontre entre la biologie et la psychologie ? Il faudrait déjà que les deux disciplines s'accordent sur un vocabulaire commun, a suggéré Jean-Pierre Changeux, professeur honoraire de neurosciences au Collège de France, membre de l'institut, lors du débat qui l'a opposé à Daniel Widlöcher, professeur honoraire de psychiatrie, ancien président de l'Association psychanalytique internationale.
La neurobiologie de la conscience se développe. «Nous cherchons à établir des relations causales entre un comportement ou un processus mental et des mesures neurales objectives, explique le neurobiologiste. Nos modèles sont frustres et incomplets, nous n'arriverons pas à épuiser le réel du cerveau, pourtant notre approche scientifique représente un véritable progrès dans la connaissance du cerveau, de ses fonctions, de ses interactions avec le monde extérieur. Les gènes déterminent la spécificité humaine de notre cerveau. Nous possédons de 80 à 100milliards de neurones et dix fois plus de contacts synaptiques.Mais notre cerveau ne se réduit pas à un tas de matière chimique. Les connexions sont lentes à s'établir, elles reçoivent des empreintes de l'extérieur, ainsi se forment les circuits culturels et sociaux. Nos réflexions vont dans le sens du physicalisme de Freud et du matérialisme instruit de Bachelard.»
Freud et les axones.
Une référence que nuance le Pr Widlöcher, qui a rappelé que «Freud voulait un langage de psychologue, lequel a permis des progrès d'écoute de l'autre, la qualité d'échange entre appareils pensants». Le psychanalyste estime qu'il existe trois inconscients : Un préconscient virtuel (souvenirs, pensées), un inconscient du refoulé (processus d'inhibition des représentations) et un inconscient proprement dit (réalité psychique). «Ces modèles d'inconscients psychanalytiques conduisent à la diversité des prises en charge», précise-t-il. Le Pr Changeux insiste, lui, sur une hypothèse récente : le rôle des axones longs sur les états de conscience.
Le débat a montré que, si chacun campe sur ses positions, au moins y a-t-il eu échange. Un partage de connaissances que souhaite la Fondation pour la recherche en psychiatrie et en santé mentale créée en 2006, à l'initiative du centre hospitalier Sainte-Anne, de l'UNAFAM (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) et de la FNAP-psy (Fédération nationale d'(ex)-patients en psychiatrie). Présidée par Bernard Kouchner, elle encourage la recherche clinique, épidémiologique et dans le champ social. Elle s'est dotée d'un conseil scientifique où se côtoient psychiatres, neurobiologistes, physiciens et anthropologues… afin de mieux connaître et traiter les troubles mentaux qui touchent, en France, près d'une personne sur cinq.
* Informations sur le site www.ch-sainte-anne.fr.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature