Livres
Par la personnalité de son auteur d'abord, qui n'est pas un universitaire mais un libraire dont la librairie, rue Bréa à Paris, est presque entièrement consacrée à l'auteur de « Mort à crédit ».
Cela ne fait pas pour autant d'Emile Brami un inconditionnel de Céline ! Fasciné par l'opacité et l'insaisissabilité du personnage, il l'est certes depuis longtemps lorsque en 1967, jeune anarchiste de dix-sept ans, il retrouve dans un court pamphlet de Céline le même rejet de Sartre qui était de mise dans le milieu qu'il fréquentait - le style et la liberté de ton uniques en plus. Cependant, en tant que juif, il ne peut pardonner à Céline d'être un « antisémite furibond », et doit vivre depuis avec « cette gêne permanente, ce caillou dans la chaussure », « d'être passionné par l'écriture, la vision pessimiste du monde et l'humour très noir de celui qui avait voulu, même métaphoriquement, et encore ne suis-je pas absolument certain de la métaphore, ma peau ».
Que propose alors Emile Brami dans ce livre original qu'il qualifie du nom apparemment affable de « promenade » et qu'il sous-titre de cette phrase de Céline, « Je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple... »? Rien moins qu'une lecture très personnelle du personnage, subjective mais qui s'appuie sur des documents rares ou inédits, sur les propres mots de l'écrivain comme sur les témoignages d'une vingtaine de personnes qui l'ont connu de son vivant, parmi lesquels des patients du docteur Louis Destouches. Remontant de sa mort en 1961 à sa naissance en 1894, Emile Brami brosse un Céline à rebours du temps et des lieux communs et termine son ouvrage sur l'année 1932 : ayant obtenu une vacation quotidienne au dispensaire de Clichy sous la direction de Grégoire Ichok, médecin d'origine lituanienne, juif, de gauche, dont il fera son ennemi intime, il entame cette année la rédaction du « Voyage au bout de la nuit »...
Editions Ecriture, 429 p., 22,95 euros.
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