L ES histoires d'espionnage ont du mal à s'adapter à la nouvelle donne géopolitique. La chute du mur de Berlin a fait beaucoup de mal à un genre dans lequel le Britannique Le Carré s'est particulièrement illustré. Les espions sont fatigués et ont besoin de changer d'air.
C'est précisément ce qui arrive au héros du « Tailleur de Panama », qui, pour cause de dangereux don juanisme, est envoyé du côté du canal qui sépare les deux Amériques, là où il est censé au moins ne pas nuire. Il fera tout de même des dégâts en recrutant sur place un tailleur anglais qui connaît la bonne société et les décideurs du pays.
John Le Carré, qui a participé au scénario et à la production, et John Boorman s'amusent à mêler l'exotisme et la parodie, même si le drame n'est pas loin.
Le personnage principal qui, ce n'est pas un hasard, est joué par le dernier James Bond en date, Pierce Brosnan, a la décontraction, le cynisme et la prunelle séductrice des héros qui ne se prennent pas au sérieux. Un pastiche de pastiche, en quelque sorte.
Les décors de Panama et quelques-uns de ses habitants ont eux-mêmes l'air de sortir d'une opérette. Et les galonnés du Pentagone ressemblent volontairement beaucoup à ceux qu'on a vu dans d'autres films (« Dr Folamour » ?).
On a compris qu'il ne faut prendre au premier degré ni l'histoire, ni le film. Seul le personnage du tailleur, joué par Geoffrey Rush, effleure l'épaisseur psychologique des héros habituels de Le Carré. John Boorman n'a certes pas signé ici l'un de ses meilleurs films (« le Point de non retour », « Délivrance », « Excalibur », « la Forêt d'émeraude », « Hope and Glory »...) mais l'on ne s'ennuie pas et ce « Tailleur » au charme britannico-tropical change agréablement des récits d'action calibrés à l'américaine.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature