Malgré le bénéfice moteur obtenu, presque tous les patients présentent des troubles de l'humeur dans la période postopératoire de l'implantation d'une électrode dans le noyau sous-thalamique. La stimulation peut être en cause elle-même, comme le montre une vidéo présentant une patiente qui, sous l'effet d'une stimulation, développe des idées très noires (elle dit en pleurant que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue) et retourne en quelques minutes à l'humeur normale, à l'arrêt de la stimulation.
Comme l'explique le Dr P. Damier (CHU de Nantes), il s'agit d'un cas exceptionnel : la stimulation de zones proches du noyau subthalamique peut être à l'origine d'une symptomatologie dépressive majeure, laquelle est néanmoins réversible et disparaît lorsque le site de stimulation est modifié (ce que permettent les électrodes à 4 sites distincts de stimulation utilisés).
En fait, le plus souvent les mécanismes à l'origine des troubles de l'humeur sont multiples tels que : la brutalité du changement de situation, le patient passe en quelques jours d'un état de dépendance à un état de pleine autonomie (ce qui n'est pas sans poser de problèmes relationnels) ; une réduction importante du traitement dopaminergique, permise par l'efficacité de la neurostimulation à corriger la symptomatologie motrice (sans correction d'un manque de stimulation dopaminergique dans les structures limbiques et le cortex préfrontal) ; une mauvaise acceptation par certains patients d'être dépendants 24 heures sur 24 « de la machine », avec l[212]impression de perdre le contrôle sur la maladie ; une espérance déçue des patients qui ont trop investi dans l'opération puis découvrent que la maladie est toujours là.
Changer des paramètres de stimulation
« On doit d'abord s'assurer que la stimulation n'est pas à l'origine du syndrome dépressif, c'est-à-dire changer des paramètres de stimulation en cas de doute, analyser les facteurs potentiels responsables et, éventuellement, reprendre une petite dose de traitement dopaminergique. Un traitement antidépresseur peut être nécessaire et le plus souvent le syndrome dépressif s'amende en quelques mois », indique le Dr P. Damier. Il faut aussi souligner l'importance d'un soutien psychologique et d'explications données aux patients (ce qu'ils peuvent en attendre d'un traitement symptomatique, certes, et plus intéressant que la L-dopa) afin d'éviter une déception par la suite.
A l'opposé, certains patients connaissent un état hypomaniaque transitoire (désinhibition, boulimie) après l'intervention neurochirurgicale, qui pourrait être réactionnel au retour à un état moteur « normal » après une longue période de frustration. Il peut aussi refléter un dysfonctionnement frontal temporaire vraisemblablement lié au traumatisme lésionnel de l'implantation des électrodes. Cet état impose rarement le recours à un traitement spécifique.
D'après la communication du Dr Philippe Damier (CHU, Nantes), lors de la 6e Journée annuelle du CNIF (collège de neurologie d'Ile-de-France).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature