Jusqu'à présent, les seules greffes cellulaires tentées dans la maladie de Parkinson, sont des greffes de neurones producteurs de dopamine d'origine foetale. Les résultats cliniques sont favorables. Mais l'origine des cellules greffées est un problème éthique lourd, qui se double d'un problème technique lié à la difficulté du prélèvement et à la faible quantité de neurones obtenus. Travaux sur la différenciation cellulaire aidant, il devient de plus en plus vraisemblable que les cellules qui permettront effectivement le développement de ces greffes, seront des cellules souches foetales, initialement indifférenciées, mais capables de se différencier in situ. Des cellules souches multipotentes, capables de se renouveler, peuvent être obtenues dans le blastocyste au stade préimplantatoire. Le double problème technique et éthique de l'approvisionnement changerait ainsi d'ordre de grandeur.
Les travaux sur les cellules souches embryonnaires se multiplient donc. En décembre, une équipe américaine et une équipe israélienne montraient qu'il est possible de différencier in vitro des cellules souches embryonnaires en cellules souches neurales, et que ces dernières, injectées dans le cerveau de rats, survivent et poursuivent leur différenciation en neurones et astrocytes morphologiquement normaux (« le Quotidien » du 19 décembre 2001).
Aujourd'hui, une autre équipe publie, dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine, des résultats assez voisins, mais qui font apparaître trois éléments nouveaux : premièrement, les cellules greffées se sont différenciées spécifiquement en neurones producteurs de dopamine ; deuxièmement, des indications ont pu être obtenues en faveur d'une intégration fonctionnelle des cellules greffées ; troisièmement, le risque tératogénique, dont s'inquiètent toutes les équipes, et dont les Américains et les Israéliens se réjouissaient en décembre de n'avoir trouvé trace, semble bel et bien un risque avéré, confirmé chez 5 animaux sur 25 dans la dernière étude.
Fixation accrue dans le striatum
Les rats traités étaient en fait un modèle de maladie de Parkinson, obtenu par injection unilatérale de 6-OHDA. Le traitement proprement dit consistait en deux injections dans le striatum de 1 microlitre (μl) d'une suspension de cellules souches embryonnaires d'origine murine. On note que la concentration de ces suspensions était extrêmement faible : de 1 000 à 2 000 cellules par μl. Au total, 14 animaux ont pu être étudiés, les cellules greffées n'ayant pas survécu dans 6 cas, qui s'ajoutent au 5 animaux morts de tumeurs de type tératome.
Parmi les tests réalisés, les plus importants paraissent être les tests fonctionnels. La tendance des animaux à tourner sur eux-même après administration d'amphétamine, d'abord, s'est trouvée diminuée après traitement. L'imagerie fonctionnelle, ensuite. La détection au PET-scanner d'un marqueur spécifique des neurones producteurs de dopamine (CFT-(C11)), a montré une fixation accrue dans le striatum des animaux greffés. Enfin, chez les animaux greffés, toujours, l'IRM a permis de mettre en évidence une augmentation de la consommation d'oxygène et du débit sanguin corticostriatal après administration d'amphétamine. Cette réponse hémodynamique, qui dépend de la libération de dopamine sous l'effet de l'amphétamine, était absente chez les animaux non greffés, ou ayant subi une procédure placebo.
Neurones producteurs de dopamine
Ces résultats montrent donc que des cellules souches embryonnaires peuvent se différencier dans le striatum en neurones producteurs de dopamine. Les arguments en faveur de l'intégration fonctionnelle de ces neurones ne sont pour le moment que des indications. Celles-ci sont toutefois cohérentes avec le résultat « clinique » obtenu sur la rotation des animaux traités par amphétamine. Dans une perspective médicale, ces données peuvent être considérées comme encourageantes. Le risque tératogénique reste cependant un problème majeur. Tant que cette hypothèque ne sera pas levée, le potentiel des cellules souches embryonnaire risque justement de rester à l'état de potentiel.
L. M. Björklund et coll. «Proc Natl Acad Sci USA ».
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