Parkinson : la diminution du goût de la nouveauté se serait pas due à la dopamine

Publié le 29/10/2001
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Compulsif, industrieux, introverti, psychorigide, ponctuel, sérieux, stoïque et tranquille. Voilà, tels que décrits depuis près d'un siècle, les principaux traits psychologiques du parkinsonien.

Mais deux autres aspects de la personnalité ont été plus récemment rapportés : un faible goût pour la nouveauté et un évitement de la douleur. Deux caractéristiques dont l'intérêt scientifique repose sur leur lien avec le système dopaminergique. La première, notamment, serait corrélée au système de la récompense. A l'approche d'un stimulus nouveau, l'augmentation de la dopamine, liée au plaisir, ne serait plus possible chez les malades, limitant le désir de recherche de la nouveauté. Si ce symptôme précédait l'apparition de la maladie il pourrait, à l'aide de tests psychologiques, être un témoin du risque de survenue de la maladie.
C'est dans ce contexte qu'une équipe finlandaise de Turku (Valtteri Kaasinen et coll.), a mené un travail auprès de parkinsoniens non encore traités. L'objectif était double : comparer la structure de la personnalité de ces sujets à celle de volontaires sains et étudier la fonction dopaminergique des patients en relation avec leur personnalité. Pour ce faire les chercheurs ont procédé en deux étapes. Tout d'abord, déterminer si le score de goût pour la nouveauté est plus faible chez des sujets atteints par rapport à des sujets sains. Ensuite, grâce à l'IRM fonctionnelle (tomographie à émission de positrons, PET) rechercher une corrélation entre cette recherche de la nouveauté et la fonction dopaminergique dans le striatum ou le lobe frontal. « En fait, aucune étude n'a examiné la personnalité de parkinsoniens non traités, avec ou sans imagerie fonctionnelle cérébrale », précisent les auteurs.

IRM avec tomographie à émission de positrons

Les Finlandais ont enrôlé 61 malades non traités et 45 sujets sains, au titre de contrôle. Parmi les malades, 47 ont subi un examen IRM avec tomographie à émission de positrons, à la fluoro-dopa.
Le score de personnalité portant sur la recherche de la nouveauté s'est révélé légèrement plus bas dans le groupe de parkinsoniens que chez les contrôles. Mais les médecins n'ont pas relevé de relation significative avec la capture de fluoro-dopa dans les régions cérébrales analysées. Il en va différemment de l'évitement de la douleur. Là, le score de personnalité, associé à l'anxiété et à la dépression, était nettement élevé en cas de maladie de Parkinson. Paradoxalement, le trouble était associé significativement avec la capture de fluoro-dopa dans le noyau caudé droit.
Les auteurs constatent, à la fin de leur étude, que, si leurs résultats ne sont pas en opposition avec le concept d'un type de personnalité à faible goût pour la nouveauté, ce trouble ne semble pas dépendre de la fonction dopaminergique présynaptique au niveau du striatum. En revanche, la relation paradoxale entre l'évitement de la douleur et la capture de la F-dopa peut refléter une perturbation unique d'un circuit rétro-inhibiteur spécifique des neurotransmetteurs, en relation avec une altération des émotions.

« Proceedings of the National Academy of the Sciences », 6 novembre 2001, vol. 98, n° 23, pp. 13272-13277.

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6999