AVEC 37 % DE SES ÉTUDIANTS classés parmi les 1 000 premiers des épreuves classantes nationales (ECN), la faculté Paris-V a obtenu cette année les meilleurs résultats de l'examen phare de médecine. Très loin derrière, Poitiers ferme la marche (2 %). Le classement des facultés que publie « le Quotidien » est le fruit d'une analyse des résultats des ECN réalisée par l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). L'association a compilé les résultats de 2007, connus depuis le 12 juillet, et les a comparés à ceux des précédentes éditions des ECN, instaurées en 2004 à la place du concours de l'internat (1).
La cuvée 2007 consacre la prédominance des facultés parisiennes puisque cinq d'entre elles se classent aux six premières places. Outre Paris-V, on retrouve Paris-Ouest, la Pitié-Salpêtrière, Saint-Antoine et Paris-VII. A la 4e place, Lyon-Sud tire son épingle du jeu. «Nous constatons que certaines facultés sont représentées dans les dix premiers depuis 2005 (Lyon-Nord, La Pitié-Salpêtrière, Paris-V, Paris-Ouest, Paris-VII)», explique Mehdi Bastard, secrétaire général de l'Anemf. Certaines facultés sont en revanche systématiquement en queue de peloton : Bobigny, Nancy, Clermont-Ferrand, Poitiers, Amiens, Caen. D'autres ont connu des résultats en dents de scie à l'instar d'Angers, 30e après avoir été en 4e position l'an passé, de Brest qui perd 23 places ou de Nantes qui plonge du 9e au 27e rang. Des facultés ont au contraire sensiblement amélioré leur classement. C'est le cas de Saint-Antoine (+ 16), Nice (+ 18), Bordeaux (+ 28), Montpellier (+ 16) ou Strasbourg (+ 17).
Périlleuse analyse.
Comment expliquer ces résultats ? L'analyse est périlleuse tant les paramètres à prendre en considération sont nombreux. «Certaines facultés ont un enseignement davantage dédié aux ECN, avance Mehdi Bastard. Elles laissent davantage de temps libre aux étudiants pour travailler les épreuves et leurs professeurs sont poussés pour être au top niveau.» Le Pr Yves Lanson, urologue à Tours, analyse scrupuleusement les résultats des ECN depuis leur création. «La préparation parisienne est incontestablement la meilleure, explique-t-il. Ces facultés forment les étudiants pour qu'ils deviennent spécialistes. Pour elles, la médecine générale n'est pas un objectif. Ce n'est pas la même chose pour les petites facultés. Dans ces dernières, les étudiants qui veulent être généraliste savent qu'ils n'auront pas besoin d'avoir un bon classement pour obtenir leur poste. Cela a bien sûr des répercussions sur le classement de leur faculté.»
Selon le Pr Lanson, la composition sociale des facultés joue également un grand rôle dans les résultats des ECN : «A Bobigny, on ne recrute pas les mêmes étudiants qu'à Necker; et dans les catégories plus aisées, quoi qu'on en dise, devenir médecin généraliste n'est pas une promotion.» Le Pr Bernard Charpentier, doyen de Paris-Sud (Kremlin-Bicêtre) et président de la conférence des doyens, croit pour sa part que certains résultats surprenants peuvent s'expliquer par un «effet promo». «Dans une promotion, un noyau dur d'étudiants motivés entraîne une émulation individuelle et collective, précise-t-il. A Paris, cela se traduit par un esprit de compétition entre les facs qui cherchent à faire mieux que les autres. »
Les doyens, comme les carabins, attendent, chaque année, anxieusement les résultats. «Nous savons que c'est le noeud gordien de la carrière des étudiants, poursuit le Pr Charpentier . Les doyens se sentent responsables de ces résultats. Quand ils ne sont pas bons, ils essaient de changer le tir et de remotiver leurs troupes». Certains vont avoir du pain sur la planche.
(1) L'intégralité des résultats de cette étude sera mis en ligne sur le site de l'association : www.anemf.org
Exemple de lecture : 37 % des candidats de Paris 5 se sont classés parmi les 1 000 premiers des épreuves classantes nationales de 2007. La faculté gagne 3 places par rapport à l'an dernier.
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