A Paris, la mosquée de la rue de Tanger fait de la prévention

Depuis septembre 2001, le centre socioculturel de la rue de Tanger, dépendant de la mosquée Adda'wa, dispose d'une médiatrice de santé, Zora Messaoudi, chargée de faire le lien entre le malade, sa famille, le personnel médical, les divers organismes sociaux, etc.

Depuis son arrivée, elle n'a vu qu'une personne séropositive : « Les gens n'osent pas. Chez les musulmans, beaucoup de sujets sont tabous. Certaines maladies notamment, et le SIDA en fait partie. » Pourtant, la mosquée Adda'wa se préoccupe du SIDA depuis sept ans déjà. A en croire Zora Messaoudi, son recteur, Larbi Kechat, a pris position de manière extrêmement claire : « Au cours d'une conférence-débat consacrée au SIDA, en janvier, il a incité les gens à ne pas fuir dès que l'on aborde le problème du SIDA. Il a rappelé aux hommes que la plupart d'entre eux avaient laissé leurs femmes au bled et qu'ils risquaient de les contaminer en rentrant. Il a très clairement conseillé aux hommes de se protéger avec un préservatif. »
Conférences-débats, tables rondes, concours de dessins d'enfants à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, la mosquée de Paris multiplie les opérations pour tenter de sensibiliser les musulmans aux risques qu'ils encourent en ignorant l'épidémie. « Je me suis fait répondre au cours de tables rondes : "Nous sommes musulmans, cette maladie ne nous concerne pas" . En Algérie, dont je suis originaire, d'autres maladies sont des sujets tabous. Dans certaines familles, si vous avez un cancer, vous êtes bannis. »
Conscients de la croissance des cas de séropositivité dans la population musulmane, la mosquée de la rue de Tanger cherche à toucher les publics jeunes. Le 1er décembre, une grande toile de sept mètres sur sept a été accrochée sur la façade du centre socioculturel, reprenant le mot d'ordre de l'ONUSIDA : « Çà me concerne... Et toi ? »