POUR SA DEUXIÈME saison à la tête du Châtelet, son directeur, Jean-Luc Choplin, est-il en passe de réussir son pari de transformer la vieille maison, qui a vu la création de tant de comédies musicales françaises à sa grande époque, en temple de la comédie musicale anglo-saxonne ? La capitale en a bien besoin, qui n’a jamais réussi à implanter avec un succès durable ce genre hyperfragile, qui demande à la fois une tradition et un professionnalisme très particulier. Après une première saison qui a mêlé réussites et échecs cuisants, on peut tirer un bilan plutôt favorable de cette deuxième année et se réjouir en contemplant le programme de la suivante (voir encadré).
Mettons à part les réalisations de théâtre lyrique pur, qui ne sont pas le fort de Choplin et semblent tendre à disparaître de la programmation, le choix de Jean-Christophe Spinosi étant assez discutable pour leur réalisation musicale. « Le Barbier de Séville » et une réalisation scénique du « Messie » l’an prochain resteront dans cette ligne de choix, qui n’a pas la prétention d’entrer en concurrence avec les quatre autres théâtres qui se consacrent au genre lyrique dans la capitale, tout au plus en propose une variation un peu excentrique. En revanche, pour ce qui concerne le « musical », comment ne pas se considérer gâtés avec les deux grandes réussites qu’ont été l’hiver dernier « The Sound of Music (La Mélodie du bonheur) », de Rodgers et Hammerstein, et « A Little Night Music », de Sondheim, deux réalisations dignes des scènes londonienne et new-yorkaise saluées par « le Quotidien » (14 décembre et 22 février).
On sera resté plus discret sur le sort réservé à « Treemonisha », l’opéra négligé de Scott Joplin, et à « Magdalena », la comédie musicale américaine de Villa-Lobos. Leurs réalisations théâtrales, respectivement dues à Bianca Li (mauvais choix) et Kate Whoriskey (choix anodin), seront vite oubliées et la musique qui a été révélée au public parisien restera davantage pour la satisfaction d’une curiosité musicologique tout à fait licite que pour la grande émotion musicale. Mettons à l’actif de « Treemonisha » d’avoir ramené à Paris la grande artiste qu’est Grace Bumbry, qui y a été acclamée à la hauteur de son immense talent.
Large public.
Que dire des « Misérables », la très populaire comédie musicale de Claude-Michel Schönberg et Herbert Kretmer, d’après Victor Hugo, superproduction britannique présentée par le producteur Cameron Mackintosh pour son 25e anniversaire (10 000 représentations à Londres…), en restant charitable et afin de ne pas assombrir un bilan si favorable ? Qu’elle s’adresse à un public beaucoup plus large (56 millions de spectateurs à ce jour…) et moins exigeant en ce qui concerne la veine mélodique et la qualité des lyrics (dialogues). Cela paraîtra élitiste, on l’assume, mais c’est le cas. Que le public à qui elle s’adresse n’en veut pas au théâtre d’en ressortir assourdi par la sonorisation excessive de l’orchestre et des musiciens. La réalisation est certes remarquable, décors, costumes, effets, éclairages, mise en scène, mais musicalement, vocalement on est trop loin du compte pour l’applaudir avec indulgence dans un théâtre qui se veut musical. On souhaite au Châtelet de faire le plein, ce qui était loin d’être le cas à la sixième des 45 représentations prévues en ce début d’été.
Théâtre du Châtelet (tél. 01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com) jusqu’au 4 juillet.
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