L’Institut Pasteur vient d’accueillir à Paris tout ce que le monde compte de spécialistes internationaux de la maladie d’Ebola. Cette conférence internationale « Targeting Ebola », organisée les 28 et 29 mai par le Comité pays en développement (COPRED) de l’Académie des sciences, arrive « au bon moment », souligne le Pr Jean-François Delfraissy, coordonnateur Ebola pour la France et l’Afrique depuis la fin de l’été dernier. Pile au moment où chacun s’interroge sur le risque de reprise épidémique à l’été prochain. Car si les avancées scientifiques dans le domaine de la lutte contre le virus Ebola sont importantes, aucun médicament efficace n’a été trouvé à ce jour.
Au début de l’épidémie, la mortalité initiale était de 70 %. Depuis, l’essai JIKI mené par l’INSERM a montré que le favipiravir, médicament porté par un laboratoire japonais, réduit la mortalité de 50 % chez les personnes infectées s’il est administré à un stade précoce, quand la charge virale est faible. Comme pour le Sida où l’association d’antirétroviraux s’est montrée particulièrement efficace, un nouvel essai collaboratif entre l’Inserm et le NIH américain, JIKI 2, combine le favipiravir au Zmapp, un anticorps monoclonal mis au point par Mapp biopharmaceutical. Il débute dans les semaines qui viennent. L’administration de sérum des patients guéris est aussi une piste qui a la faveur des pays africains touchés parce qu’elle les autonomise à l’égard des sociétés pharmaceutiques internationales. Mais cette stratégie pose des problèmes relatifs à l’élimination des personnes impaludées, séropositives vis-à-vis du VIH ou des hépatites.
Vaccin : loin d’être une réalité
La piste du vaccin est plus complexe encore. Trois candidats vaccins sont à ce jour disponibles : celui de GSK, de MSD et de Jansen. Plusieurs essais de phase 2 sont en cours pour étudier leur innocuité
et leur immunogénicité. Mais la phase 3, celle qui permet d’étudier l’efficacité, la protection conférée par un vaccin, sera-t-elle réalisable. « Probablement pas, affirme le virologue. Dans le contexte actuel d’une épidémie peu active, il est très difficile d’avoir des résultats probants. » Un essai actuellement mené par l’OMS en Guinée, le Ring Trial, sur des personnes ayant été en contact avec des patients Ebola « va permettre sinon d’avoir une réponse complète, de donner au moins de bons éléments de réponse ».
Un deuxième grand essai mené par le NIH au Liberia, puis en Guinée avec l’Inserm, est un essai de prévention en population générale qui devrait débuter au mois de juillet. « Il va nous apprendre beaucoup de choses sur la tolérance et l’immunogénicité, mais pas sur son efficacité car, pour cela, il faudrait recruter plus de 200 000 volontaires ! ».
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