Paris, bientôt capitale de la recherche sur le VIH

« Cette conférence est le plus grand événement international sur le sida, organisée en France depuis quinze ans. » L'IAS a choisi Paris pour la deuxième édition (la première avait eu lieu en 2001, à Buenos Aires) de sa Conférence internationale, « VIH : pathogenèse et traitement ». Du 13 au 16 juillet, 6 000 experts seront réunis dans la capitale. L'objectif, clairement affiché, est de faire partager les données scientifiques sur la maladie et le virus, afin de traduire concrètement les avancées en nouvelles stratégies thérapeutiques.

« La deuxième conférence de l'IAS est le seul forum international à rassembler chercheurs fondamentalistes et cliniciens spécialistes du VIH, des pays du Nord et des pays en développement. Cette conférence sera l'occasion de nouer des liens et d'aborder les questions les plus urgentes en étant unis dans un même combat contre cette urgence planétaire », a indiqué le Pr Joep Lange, président de l'IAS et qui sera un des coprésidents de la conférence.
Le développement de l'accès à la prévention et aux traitements en sera, en effet, l'un des thèmes majeurs. Nelson Mandela, ancien président de l'Afrique du Sud, et Fernando Henrique Cardoso, ancien président du Brésil, interviendront sur les modalités de l'accès et sur la question des génériques.
L'aspect scientifique ne sera pas pour autant négligé : « Pour étendre les traitements aux pays en développement, les chercheurs et les cliniciens du monde entier doivent avoir à la fois accès aux dernières données fondamentales, mais aussi à l'expertise clinique et thérapeutique, a souligné le Pr Michel Kazatchkine, coprésident de la conférence pour l'ANRS. Nous montrerons les réussites de la science et des traitements, et consacrerons une partie de nos discussions aux questions économiques, politiques et sociales, questions cruciales pour la mise en œuvre de tels programmes, car les avancées scientifiques sont minorées si les personnes infectées n'en bénéficient pas. »
Représentant les pays du Sud, le Dr Souleymane Mboup (Université Cheik Anta Diop, Sénégal), coprésident scientifique de la conférence, estime, pour sa part, que « nous sommes capables de traiter le VIH dans les communautés les plus défavorisées du monde, et ce grâce à un certain nombre de chercheurs et de certains responsables communautaires et nationaux ».

Une collaboration indispensable

Le Sénégal, notamment, doit faire face à l'émergence de « "virus mosaïques" » composés de différents sous-types du VIH : ils sont présents dans 50 à 80 % des cas en Afrique de l'Ouest, mais semblent heureusement pouvoir être contrôlés par les traitements dont nous disposons actuellement ».
La découverte du VIH a 20 ans et, comme le souligne Françoise Barré-Sinoussi (Institut Pasteur), également coprésidente de la conférence, « dès le début de l'épidémie, l'importance du partenariat entre chercheurs fondamentalistes et cliniciens a été évidente et déterminante pour que la recherche avance rapidement ». Elle qui a été coauteure de l'article de référence publié dans « Science », le 20 mai 1983, voit dans cette conférence « une formidable occasion de promouvoir cette collaboration, qui reste indispensable encore aujourd'hui pour améliorer notre connaissance de la pathogenèse et du traitement du VIH/sida ».
Ces vingt années de recherche sur le sida seront également évoquées, même si les chercheurs, comme les patients, ont les yeux rivés sur l'avenir et les perspectives de la recherche : vaccin, immunothérapie et nouvelles molécules comme les inhibiteurs d'entrée. « Nous savons qu'en l'absence d'un vaccin l'avenir repose sur la prévention et les traitements », conclut le Pr Jean-François Delfraissy (hôpital Bicêtre), lui aussi coprésident de la conférence.

La Conférence de Paris est organisée par l'IAS et l'ANRS, avec la collaboration scientifique avec les NIH (National Institutes of Health) et les CDC (Center for Disease Control) du ministère de la Santé américain.